Pénurie de blouses blanches : l’effet boule de neige

31 mai 2024 par
Era Balaj

Face à un secteur en pénurie, comment relancer l’attrait du métier d’infirmier à Bruxelles ? Afin de répondre à la question, BECI, en partenariat avec CareForce One, équipe de ressources humaines spécialisée dans le domaine de la santé, a réuni les acteurs et actrices du secteur.

À Bruxelles, le métier d’infirmier ne séduit plus. Depuis que le cursus en soins infirmiers a été prolongé en 2016 (passant de 3 à 4 ans), la Communauté française a connu une chute du nombre d’étudiant⋅es d’environ 20%. Après la pandémie du Covid-19, une baisse d’environ 20 à 25% des vocations dans les écoles a également été constatée.

D’après l’ex ministre de l’Enseignement Supérieur du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Valérie Glatigny, les inscriptions en études de soins infirmiers sont passées d’environ 4.000 étudiant·es en 2015-2016 à près de 2.323 en 2020-2021, soit une diminution de presque 40% en cinq ans.

Pourtant, « le personnel infirmier constitue l’épine dorsale des services de santé », rappelle l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Dès lors, sans eux, « comment pouvons-nous contribuer à réaliser la mission des institutions de soins ? », questionne Stéphanie de Patz, cofondatrice de CareForce One, société de ressources humaines spécialisées dans le domaine du healthcare.

L’attrait en chute

Autour d’une table ronde, organisée par BECI en partenariat avec CareForce One, les acteurs et actrices des soins de santés bruxellois ont identifié des enjeux majeurs et interdépendants, liés à la pénurie du personnel soignant.

Dans un premier temps, en plus de la prolongation des études, sans valorisation d’un Master pour autant, les stages dans le secteur infirmier manquent parfois d’encadrement, ce qui décourage à poursuivre le cursus. À ce propos, seuls 60% des infirmiers et infirmières actif·ves sont diplômé·es, selon Le Spécialiste, source d’informations socio-professionnelle des médecins spécialistes belges. En Belgique, on remarque d’ailleurs une absence de reconnaissance des diplômes provenant de l’étranger (c’est le cas des diplômes ukrainiens, par exemple).

Par conséquence, la chute du nombre d'étudiant·es entraîne une pénurie du personnel, de l’ordre de 10%, avec des situations variables selon les unités (hôpitaux, maisons médicales, résidences services et maisons de retraite et de soins). Parallèlement, le volume de malades de longue durée augmente.

Les intervenant·es de la table ronde remarquent également que les écoles secondaires orientent systématiquement les élèves vers des parcours universitaires, perçus comme meilleurs pour leur classement.

L’heure à la réaction

Face à ces constats, comment améliorer l’attrait du métier d’infirmier ? Dans un premier temps, les invité·es à la table ronde soulignent l’importance des conditions de travail du personnel de soins de santé, et préconisent de diminuer le nombre de patient·es par infirmier·ère (de 12 actuellement à 8). Bien que cela représente un coût de près de 500 millions d’euros, cette somme pourrait être prélevée du Fond Blouses Blanches, initiative visant à développer l’emploi et les conditions de travail du personnel soignant.

La valorisation des diplômes a également été mise sur la table. Il est conseillé de le porter vers un niveau de Master, et d’assurer l’équivalence rapide des certificats professionnels. De plus, informer et sensibiliser les jeunes sur les carrières dans le secteur de la santé, et améliorer l’encadrement des stages, encourageraient les étudiant·es à poursuivre leur cursus.

« Garantir le niveau de performance du secteur santé, un des meilleurs en Europe, permet de renforcer notre attractivité nationale et internationale », intervient Jan De Brabanter, CEO a.i de BECI avant de poursuivre : « Les résultats de cette table ronde seront présentés au futur gouvernement bruxellois, dans l'espoir de façonner des politiques et des initiatives qui favoriseront une profession infirmière plus attrayante, durable et épanouissante ».


À l’aube des élections, BECI demande aux partis politiques de la Région de Bruxelles-Capitale de se mobiliser pour l’avenir économique de Bruxelles. Dès lors, la Chambre de Commerce et l'Union des Entreprises de Bruxelles leur ont posé 10 questions. Ils ont répondu ici.


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Era Balaj 31 mai 2024
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