Le 16 avril, Bernard Clerfayt (Défi) Elke Van den Brandt (Groen), Karine Lalieux (PS) et Ava Basiri (Voor U) étaient les invités de la troisième soirée de débats électoraux organisés par BECI. Emploi, investissement et concertation sociale, voici ce qu’il faut en retenir.
« À Bruxelles, nous n’avons
pas le luxe de manquer d’efficience », a exprimé Elke Van den Brandt, ministre
de la Mobilité, lors de la troisième soirée de débats électoraux organisés par
BECI. Cette remarque fait écho aux trois axes fondamentaux et interdépendants
que BECI relève dans son mémorandum. En effet, à l’approche des élections, la
Chambre de Commerce et l’Union des Entreprises de Bruxelles demandent aux
candidat·es des élections régionales de renforcer : le taux d’emploi de la
région, l’attractivité de Bruxelles et l’efficience du prochain gouvernement.
Bernard Clerfayt (Défi) Elke Van
den Brandt (Groen), Karine Lalieux (PS) et Ava Basiri (Voor U) ont défendu leur
vision d’un gouvernement efficace. Faut-il faire des économies pour
freiner la dette qui menace la Région de Bruxelles-Capitale de s’élever jusqu’à
19 milliards d’euros d’ici 2030 ? Oui, mais pas à n’importe quel prix. Voici ce
qu'il s’est dit ce mardi 16 avril.
Former à l’emploi
BECI rappelle dans son mémorandum l’objectif de viser un taux d’emploi de 80%. Bien que la région ait progressé en 10 ans (le taux d’emploi est passé de 54% à 66%), l'enjeu reste de taille : « Il faut intégrer 120.000 Bruxellois supplémentaires sur le marché du travail », souligne Bernard Clerfayt. Même si le taux de chômage a diminué ces dernières années, « nous sommes dans la bonne direction, mais nous n’allons pas encore assez vite ni assez loin », rappelle le ministre bruxellois en charge de l'Emploi et de la Formation professionnelle.
Afin d’améliorer le marché du
travail bruxellois, la tête de liste de Défi recommande de faire monter en
gamme les formations pour que les chercheurs d’emploi puissent développer et
valoriser leurs compétences. Cela permettrait également aux talents de répondre
aux exigences du marché de l’emploi en Région bruxelloise. En effet, « ⅔
des emplois exigent des diplômes universitaires, alors que 60% des demandeurs d’emploi
n’ont, soit pas de diplôme de l’école secondaire, soit des certifications
acquises à l’étranger, mais qui ne sont pas reconnues par la Région »,
déplore Bernard Clerfayt. Selon lui, pour faciliter l'insertion de population
non-active dans le milieu professionnel, il faut préserver son attractivité.
Pour cela, le Ministre bruxellois suggère de se lancer dans un « secteur
qui nous plait », avant de penser à se former à un métier en pénurie. Ce
dernier propose également de fusionner Actiris et Bruxelles Formation, en une
seule organisation publique, de sorte à centraliser les formations en une seule
entité.
« Nous n’allons pas encore assez vite ni assez loin »
-
Bernard Clerfayt
Dès lors, les candidat·es
présent·es à ce troisième débat s’entendent sur l’importance d’investir dans l’enseignement
et dans les formations pour qu’elles soient plus qualitatives, en mettant
l’accent sur les jeunes Bruxellois. « Beaucoup d'entre eux ont tout juste
le CESS. Il est important de les soutenir dans leurs études supérieures »,
souligne Karine Lalieux. Pour cela, la ministre fédérale des Pensions et de
l’Intégration sociale suggère de leur attribuer un revenu d’intégration sociale.
De cette façon, cela permet de lutter contre la précarité des étudiants et de
rendre les études supérieures plus accessibles.
Investir, mais à quel prix ?
« Les pouvoirs publics et les employeurs doivent être unis sur Bruxelles, mais il ne faut pas faire d’économie dans les formations ni dans les études supérieures », explique Karine Lalieux qui souhaite également augmenter le salaire minimum. Cependant, face à cette remarque, la question de l’équilibre financier se pose : comment concilier « investissement et maîtrise de la dette ? » Cette question inquiète BECI, qui rappelle dans son mémorandum la menace que représente l’endettement de la Région de Bruxelles-Capitale si le futur gouvernement ne se mobilise pas.
D'après Bernard Clerfayt, cela
garantirait la création de l'emploi et une meilleure croissance économique. Il
argumente : « Si l’activité économique
augmente, les Bruxellois auront plus de revenus. Ils pourront alors se rendre
chez les commerçants plus souvent, qui eux resteront alors ouverts. De cette
façon, nous tendons vers un développement positif de l’économie, de l’emploi et
donc de la réduction de la pauvreté. »
Se concerter autour de la mobilité
Sur le front de la mobilité, les avis divergent, Karine Lalieux insiste pour reporter la norme Euro 5 (réglementation européenne visant à limiter les émissions polluantes des véhicules, notamment des camionnettes), en soutien aux indépendants issus des zones populaires de Bruxelles qui ont besoin de leurs voitures pour se déplacer. Selon la représentante régionale du PS, cette démarche est difficilement envisageable sans compensations sociales qui permettent de faciliter ce changement. « Évidemment, je suis pour une meilleure qualité de l’air, mais nous ne pouvons pas imposer des sanctions à des personnes qui n’ont pas d’autres choix que de travailler avec ce moyen de transport-là. Autrement, cela reviendrait à sanctionner les plus défavorisés », fait-elle remarquer en poursuivant : « pour que Bruxelles soit encore mobile, il est indispensable qu’il y ait une concertation. »
Pourtant, la ministre du Gouvernement bruxellois en charge de la Mobilité ne partage pas l’avis de la Ministre fédérale PS et nuance : « Plusieurs PME et de petits indépendants ont déjà fait l’achat du matériel électrique. » Pour Elke Van den Brandt, reporter la norme Euro 5 mènerait à exclure celles et ceux qui ont fait l’effort de changer de moyen de déplacement. À la veille des élections, freiner la mise en place de cette réglementation irait à l’encontre des promesses tenues par le gouvernement actuel.
« Il
faut pouvoir écouter les besoins de tout le monde »
- Ava
Basiri
Néanmoins, les candidates de Groen et du PS s'accordent tout de même sur les investissements à prévoir dans les transports en commun. Pour elles, il faut rendre les structures de Bruxelles plus efficaces. Cependant, cela ne peut se faire qu’avec un consensus collectif fait remarquer Ava Basiri, tête de liste du parti Voor U. « Travailler ensemble est très important, mais il faut pouvoir écouter les besoins de tout le monde. » D’ailleurs, Bernard Clerfayt la rejoint en insistant sur l'importance de tenir compte des avis des habitants de chaque commune, avant de procéder à des changements. Autrement dit : « Nous ne pouvons pas imposer du changement sans concertation sociale. »
De plus, afin de continuer vers une mobilité plus équilibrée entre tous les transports, Bernard Clerfayt préconise un instrument qui permet de réguler l’usage des routes, et de diminuer le trafic. Pour cela, il penche en faveur de la taxation kilométrique intelligente, c’est-à-dire : taxer la voiture à l’usage plutôt qu’à la possession. Cette idée fait d’ailleurs écho au deuxième débat durant lequel Sven Gatz (Open VLD), Christophe de Beukelaer (Les Engagés) et Cieltje Van Achter (N-VA) prônaient la même idée.
En résumé, pour rendre la ville attractive, il est nécessaire de procéder à des changements en termes de mobilité qui doivent, toutefois, se faire avec la concertation des citoyens. Les intervenant·es soutiennent également l'idée que des investissements sur les formations, et les transports publics sont à prévoir. À quel(s) prix, et comment réussir à contourner la dette de la Région ? Benjamin Dalle (CD&V), Françoise De Smedt (PTB) et Pascal Smet (Vooruit) en débattront le 24 avril, chez BECI.
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