En septembre dernier, Beci accueillait le tout premier « SEO Camp Day » organisé à Bruxelles. Ces conférences consacrées au référencement naturel (Search Engine Optimization, ou SEO) sont déjà très courues en France. Rencontre avec deux experts : Paul Sanches et Dimitri Maillé.
Pour les non-initiés, le SEO englobe l’ensemble des techniques visant à optimiser le classement ainsi que la visibilité d’un site web dans les résultats naturels (non payants) des moteurs de recherche. La base, c’est l’utilisation de mots-clés (mots, expressions), qui permettent aux internautes de tomber sur votre site.
Nous avons rencontré l’un des intervenants, le Français Paul Sanches, cofondateur et président de l’agence SEO Hackers, ainsi que le Belge Dimitri Mallié, consultant e-marketing et coordinateur du SEO Camp de Bruxelles.
Sous-estime-t-on l’importance du SEO, ou bien est-il tout simplement méconnu ?
Paul Sanches (PS) : « En Belgique, les deux ! En France, les gens y sont sensibilisés depuis des années. À la télévision française, même les séries comme ‘Plus Belle la Vie’ et les publicités évoquent le référencement naturel et le netlinking (ndlr : l’augmentation du nombre de liens menant vers le site web à valoriser, à partir de sites de qualité, bien référencés, et dont le public est semblable). Notre métier, c’est de populariser les sites de nos clients, les rendre plus visibles. C’est-à-dire les faire apparaître dans les toutes premières propositions des moteurs de recherche comme Google. Tout le monde a besoin de référencement, même le boucher du coin ! »
Dimitri Mallié (DM) : « La Belgique marque clairement un retard par rapport à la France. Il y a dix ans, les gens disaient : ‘le référencement ne sert à rien’. Puis, les mentalités ont commencé à changer mais on reste à la traîne. Chez nous, on est davantage branchés SEA (Search Engine Advertising, ou référencement payant, par exemple via Google Adwords), qui se traduit en liens sponsorisés proposés dans les pages de résultats. »
« Ne pas considérer le SEO, c’est se priver de plus de 50% de prospects ! »
Le référencement naturel (SEO) est-il plus intéressant que le référencement payant (SEA)?
PS : « Le SEO fait partie d’une stratégie à plus long terme, qui sert à augmenter le trafic sur le site, à convertir en clients les visiteurs à la recherche d’un produit ou service. S’il est bien fait, il revient beaucoup moins cher que le référencement payant. Mais l’un n’empêche pas l’autre ; ce sont deux outils différents. Le SEA fonctionne tant qu’on paye, mensuellement. Il permet d’apparaître immédiatement en tête des résultats de recherche. Quand l’abonnement est terminé, les liens disparaissent. »
DM : « La première source de trafic, c’est le référencement naturel. Ne pas considérer le SEO, c’est se priver de plus de 50 % de prospects. L’e-commerce fonctionne à 60 % avec le SEO. Les agences de voyage, c’est même jusqu’à 75 %. Si on ne se positionne pas avec le SEO, on n’existe pas, sauf si on choisit Adwords et le référencement payant, bien entendu. »
PS : « Grâce à un bon référencement naturel, un site peut rester bien positionné en tête des résultats de recherche pendant un, deux, trois ans. C’est un investissement certain au départ, car il y a du travail. Mais avec un peu d’entretien, le résultat est durable et revient moins cher que le SEA. »
Comment optimiser un site qui sera bien visible sur les moteurs de recherche ?
DM : « La base, c’est qu’il soit multi-plateformes, c’est-à-dire compatible pour ordinateur, tablette, smartphone. C’est d’ailleurs l’un des critères pour être bien positionné sur Google. Ensuite, il faut s’assurer qu’il soit bien sécurisé. C’est un gage de qualité, de sérieux. Enfin, ce qui est tout aussi important, c’est la ‘webperf’, la vitesse des pages. Si le site est lent, par exemple quand un visiteur est en 3G, il va vite s’agacer et aller voir ailleurs. Dans 70 % des cas, les gens qui vivent une mauvaise expérience ne reviennent plus. À l’inverse, prenez l’exemple du site Amazon : quand sa vitesse a été améliorée, le nombre de visites a augmenté, ce qui a généré un revenu supplémentaire de plusieurs millions d’euros par jour ! »
PS :« Ensuite, il y a le référencement. Il faut répondre aux attentes des utilisateurs et optimiser le site pour les moteurs de recherche… et les humains ! Il faut construire son site en fonction des besoins de l’utilisateur et le référencer par rapport aux demandes les plus fréquentes sur les moteurs de recherche. Mais il faut y penser dès la réalisation de l’arborescence du site. »
Que conseillez-vous à un petit indépendant qui veut avoir un site bien référencé ?
PS : « J’ai envie de dire : chacun son métier… Le commerçant peut se former au SEO, mais cela prend du temps et coûte de l’argent. Il peut aussi faire appel à un pro. Le plus difficile, c’est choisir les bonnes personnes : une agence SEO, un consultant ? En général, les grands groupes travaillent avec de grosses agences, car cela rassure. Le plombier du coin devra sous-traiter car a priori le SEO n’est pas du tout son expertise. »
L’abus de référencement est un phénomène qui se développe. En quoi cela consiste-t-il ?
PS : « On peut en effet manipuler le ‘page ranking’, la popularité d’un site, en achetant des liens, tout simplement. Par exemple sur les sites de presse. C’est interdit par Google, car cela manipule l’algorithme. Tout comme Google interdit de cacher du texte, de faire des redirections douteuses : grossièrement, un lien qui semble pointer vers un site de piscines et vous redirige en fait vers un site porno. Ou encore, et c’est un exemple avéré en France, un serrurier qui possédait… 300 liens différents renvoyant tous vers le même site : c’est le ‘PBN’, le private blog network ; c’est interdit également. Autre forme d’abus : le ‘duplicate content’, le vol de contenu d’un site au profit d’un autre. Google réagit généralement en virant l’un des deux sites de son moteur de recherche. Mais ce n’est pas toujours le copieur qui est éliminé ! La lutte pour être en tête des requêtes est âpre et les dénonciations d’abus sont fréquentes, elles aussi. »
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