Intempéries en Belgique : impact sur la relation de travail et cas pratiques

21 novembre 2024 par
BECI Community

La Belgique, souvent touchée par des conditions météorologiques difficiles, voit régulièrement son organisation du travail perturbée. Pour les employeur·es et les salarié·es, chaque épisode de neige, de tempête ou de forte pluie peut entraîner des retards, des absences, voire la nécessité de suspendre temporairement l’activité. 

Voici un tour d’horizon des impacts de ces intempéries sur le monde du travail, illustré par des exemples concrets.

Retards et intempéries

Exemple : Lors d'une tempête de neige en février 2021, des milliers de travailleurs et travailleuses dans la région de Bruxelles et de Wallonie sont arrivé·es en retard. Les routes principales étaient impraticables, et les trains, l'un des moyens de transport les plus utilisés, avaient accumulé des retards allant jusqu'à deux heures. Quelques employeur·s ont alors mis en place un système de tolérance pour les retards ce jour-là, permettant aux salarié·es de récupérer leurs heures plus tard dans la semaine, ou d'utiliser une journée de télétravail si leur poste le permettait.

Conséquence : La loi belge ne prévoit pas de rémunération pour les retards dus aux intempéries, et l’employeur·e est en droit de déduire le salaire correspondant aux heures non prestées. Cependant, dans la pratique, de nombreuses entreprises optent pour des solutions flexibles, comme le télétravail ou la récupération des heures perdues, pour ne pas pénaliser les employé·es.

Bloqué·es à l’étranger

Exemple : En 2022, lors de violentes tempêtes dans le sud de l’Europe, beaucoup de Belges en vacances n’ont pas pu rentrer. Les aéroports en Espagne, en Italie et au Portugal avaient annulé plusieurs vols, empêchant les vacanciers et vacancières de rentrer comme prévu. Dans certaines entreprises, les salarié·es ont pu prolonger leurs congés de quelques jours ou prendre des jours de récupération ou de télétravail depuis leur lieu de vacances, pour éviter toute interruption de leur activité.

Conséquence : Si un·e employé·e ne peut pas reprendre son poste à la date prévue à cause des intempéries, l’employeur·e est en droit de ne pas le rémunérer pour les jours d’absence. Mais il peut également être décidé de prolonger les congés ou d’autoriser une autre modalité de travail, comme le télétravail.

Chômage et intempéries

Le chômage temporaire pour cause d’intempéries est un dispositif souvent utilisé dans le secteur de la construction en Belgique, où les salarié·es travaillent principalement en extérieur et sont donc particulièrement exposé·es aux aléas climatiques.

Exemple : En janvier 2023, lors d'une vague de froid intense, de nombreuses entreprises de construction en Flandre ont déclaré le chômage intempéries, suspendant temporairement les contrats de leurs travailleur·euses. Dans ces cas-là, les employé·es reçoivent une indemnité de l'ONEM, leur permettant de couvrir une partie de leur salaire pendant cette période d’inactivité forcée.

Conséquence : Ce dispositif permet aux entreprises de protéger la sécurité des salarié·es tout en évitant les coûts liés à l'interruption totale de leurs activités. Les secteurs les plus affectés par cette mesure sont généralement la construction et les travaux publics.

Températures minimales à respecter sur le lieu d​e travail

En Belgique, la législation impose des températures minimales sur le lieu de travail, et les entreprises doivent s’y conformer pour garantir la sécurité et le confort des travailleur·euses.

Exemple : en décembre 2021, une panne de chauffage dans une usine de textile près de Liège a plongé les ateliers à une température inférieure à 12°C, bien en deçà des 18°C nécessaires pour les travaux en position assise. Après un constat des autorités, l’employeur a été contraint de suspendre le travail jusqu’à la réparation des installations et a proposé le chômage temporaire pour intempéries à ses employé·es.

Conséquence : Les employeur·es doivent garantir un environnement de travail conforme à la législation, et, en cas de non-respect des températures minimales, ils peuvent être tenus responsables et contraints d’arrêter temporairement l’activité.

Politiques de flexibilité : un enjeu pour faire face aux intempéries

Certaines entreprises ont mis en place des politiques de flexibilité pour limiter les conséquences des intempéries sur leur activité.

Exemple : Une grande entreprise de services basée à Bruxelles a adopté un règlement interne permettant aux employé·es de passer automatiquement en télétravail en cas de tempête ou d’avis météorologique. Cette politique leur a permis de réduire les retards et absences en cas de conditions météorologiques difficiles. En novembre 2023, lors d'une tempête majeure, cette disposition a été mise en œuvre, permettant aux salarié·es de travailler de leur foyer, sans rupture d’activité.

Conséquence :Des politiques de flexibilité telles que le télétravail ou l’adaptation des horaires de travail peuvent permettre de mieux gérer les absences et de maintenir une productivité constante même en cas de perturbations climatiques.

Conclusion

Les intempéries deviennent un enjeu majeur pour la gestion des ressources humaines. Entre les retards, les absences imprévues, le chômage temporaire et la gestion des températures minimales, les employeur·es doivent adapter leurs pratiques pour maintenir une relation de travail sereine. La flexibilité et la compréhension mutuelle jouent un rôle crucial, car elles permettent d’anticiper les effets des conditions météorologiques tout en assurant la sécurité et le bien-être des salarié·es.


Daniel Binamé

Development and Partnerships Manager, Partena Professional

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BECI Community 21 novembre 2024
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