Nous sommes tous à la recherche de reconnaissance. Et c’est normal ! Elle joue un rôle fondamental dans notre équilibre. Au travail, la reconnaissance est un facteur clé de la motivation, de l’engagement et de la performance des travailleurs. Et si prendre soin de vos salariés faisait aussi du bien à votre business ? Deux experts partagent leurs opinions
Un désir légitime d’estime sociale
Avant même de s’appliquer au monde du travail, la reconnaissance est d’abord un besoin humain fondamental, qui apparaît dès l’enfance et qui joue un rôle central dans la construction de notre identité. Nous voulons être acceptés par les autres, reconnus comme l’un de leurs pairs. Le phénomène se reproduit dans le monde professionnel. « La reconnaissance est devenue une demande quasi unanime chez les salariés et une composante essentielle de la vie au travail », commence Stéphanie van de Perre, fondatrice de Growing Attitude. « La reconnaissance professionnelle nous offre une appartenance à un groupe, nous permet de valoriser notre singularité et nous aide à donner du sens à nos activités », ajoute-t-elle.
En tant que dirigeant ou chef de service, il est facile d’imaginer qu’un salarié est là pour travailler et gagner sa vie. Il est donc normal et juste de ne pas le remercier pour le travail qu’il réalise puisqu’il est payé pour cela.Et c’est là que le bât blesse… Qui en effet n’a jamais souhaité être reconnu et apprécié pour ce qu’il est, pour ce qu’il fait, pour ses résultats ? Nicolas Delebois, associé chez Lead, développe : « Il fut un temps où les salariés étaient considérés comme des ressources humaines, parmi d’autres ressources. L’employé était alors payé pour réaliser des tâches définies contractuellement, ni plus, ni moins. On ignorait alors la richesse du dépassement de fonction et du potentiel créatif des collaborateurs, tout en négligeant les risques liés au désengagement : du personnel moins motivé, moins productif, moins fidèle à l’entreprise… »
La reconnaissance donne des résultats tangibles
Aujourd’hui, les sociétés qui doivent faire face au désengagement de leurs salariés sont nombreuses. Et cette réalité impacte lourdement leur développement économique. « Le succès économique d’une entreprise et la satisfaction des clients dépendent directement de l’engagement des employés. Un salarié engagé et heureux est beaucoup plus productif, créatif et loyal », assure la fondatrice de Growing Attitude. Les employés engagés se montrent dévoués au travail et motivés à accomplir plus. Ils arrivent à se concentrer rapidement et le restent plus longtemps. L’engagement des collaborateurs se traduit par des résultats tangibles et mesurables, bien au-delà d’un simple sentiment flou de satisfaction au travail. Et cet engagement passe par la reconnaissance !
Quand votre manager félicite un membre de son équipe pour son intervention à la réunion ou qu’un collègue lui dit qu’il apprécie de travailler avec lui, ils lui donnent des signes de reconnaissance. Ces signes nourrissent le travailleur, lui donnent envie d’avancer et de s’impliquer. « La performance humaine est influencée par l’obtention de récompenses. Le travailleur qui reçoit de la reconnaissance perçoit un équilibre entre les efforts qu’il fournit au travail et les bénéfices qu’il en retire. La reconnaissance est donc une source de mobilisation et d’engagement organisationnel», assure Stéphanie van de Perre.
Le regard des autres
Pour Nicolas Delebois, la reconnaissance au travail se décline à travers quatre dimensions principales : reconnaître la personne, ses compétences, ses efforts et ses résultats. « Historiquement, les entreprises valorisent essentiellement le résultat. Or, un travailleur peut avoir fait énormément d’efforts sans pour autant atteindre le résultat attendu. Il est plus facile de valoriser le résultat car on peut l’objectiver. L’a-t-on atteint oui ou non ? Valoriser une personne ou des efforts est moins factuel et donc plus compliqué, surtout avec le télétravail. » Et Stéphanie Van de Perre d’ajouter : « De nos jours, une grande partie des travailleurs fabriquent des choses immatérielles. Peu de personnes ont encore la satisfaction d’accomplir une tâche du début à la fin et de voir le résultat final de leurs efforts », déclare Stéphanie van de Perre. Nous disposons de très peu de moyens objectifs pour nous estimer. Nous dépendons alors beaucoup plus du regard des autres.
La reconnaissance, trop souvent oubliée
Risques psychosociaux, absentéisme, baisse des performances, turn-over élevé… Le manque de reconnaissance a un impact direct sur vos travailleurs et donc sur votre entreprise. Dans un monde en crise, où tout devient digital et où le contact humain se perd, faire preuve de reconnaissance envers ses équipes est plus que jamais indispensable.
«Lorsque nous ne nous sentons pas vus ou valorisés, il est facile de se sentir détaché, de développer du ressentiment, de se faire porter pâle ou de chercher un nouveau job. Pour renforcer le lien employeur/employé, il est essentiel de communiquer l’impact positif que nous avons les uns sur les autres – directement, clairement et sincèrement», avance Stéphanie van de Perre. Mettre en place un programme de reconnaissance peut être un levier d’action fort utile pour lutter contre ces phénomènes. Un programme efficace doit permettre aux travailleurs de se sentir autonomes, compétents et intégrés socialement au sein de l’organisation. Nicolas Delebois se réjouit de voir qu’actuellement, il y a une sensibilisation par rapport aux besoins de reconnaissance des travailleurs. « Toutefois, la mise en œuvre est parfois difficile et ce pour plusieurs raisons. Il y a la culture de l’organisation, mais aussi celle du management. Les valeurs et la personnalité du manager ont un impact direct sur la reconnaissance qu’il va donner à ses équipes », conclut-il.
À propos des intervenants
Nicolas Delebois, Co-owner de L&AD et Stéphanie van de Perre, Owner de Growing Attitude