Vos affaires tournent à peine moins bien que d’habitude, votre trésorerie est peut-être un peu plus tendue, mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter ? Voire… Comme pour une grippe, les premiers symptômes de la « maladie d’entreprise » ne sont pas forcément criants. Pour vous aider à détecter le danger, le CEd (Centre pour Entreprises en difficulté), soutenu par la Région de Bruxelles-Capitale et par Beci, a élaboré un diagnostic préventif des risques. Pour pouvoir réagir à temps !
Six mois : selon les experts du CEd, ce délai suffit pour redresser une situation compromise, ou pour que celle-ci se dégrade au point d’entraîner la perte de l’entreprise. Mais ces mêmes experts sont formels : si les entrepreneurs réagissaient plus vite aux premières turbulences, 80 % des problèmes pourraient être résolus. Il suffit donc de consacrer régulièrement de petits moments à faire le point, et d’éventuellement prendre un avis extérieur. Cela permet de confirmer certaines choses, d’en découvrir d’autres et surtout de poser un regard différent, critique, neutre sur une situation. De nombreuses idées ressortent souvent de ces rencontres, outre le fait de redonner de l’énergie aux équipes.
Pourquoi faire le point quand tout va bien ?
C’est la question que se posent (ou non) nombre d’entrepreneurs… Or, les observations sont malheureusement précises : on ne le fait certainement pas quand tout va bien et très rarement quand cela ne fonctionne plus. On tente plutôt d’activer des mesures d’urgences, souvent sur de faux problèmes. Le parallèle avec la santé est évident : pourquoi aller chez le médecin si je ne suis pas malade ? La réponse est simple : pour éviter de le devenir !
Pour faire le point efficacement, la première étape est de se poser, seul, les bonnes questions, ou de parcourir celles qui ont été pensées par des professionnels. Et d’y apporter des réponses franches. Ensuite, l’intérêt est de comparer les réponses et résultats dégagés avec l’équipe, ou avec un conseiller externe. Les mêmes questions posées à celui-ci permettront de générer des réponses peut-être semblables, mais qui parfois peuvent se révéler différentes. Et de lancer une réflexion, un débat, de nouvelles solutions.
Refaire le diagnostic au fil du temps, par exemple annuellement, est tout aussi intéressant pour mesurer les évolutions. Aussi, comparé aux autres entreprises du secteur, de votre région, de votre taille, le diagnostic réalisé prendra une nouvelle dimension.
Bref, prendre le temps de faire le point, c’est assurer son avenir, anticiper les soucis et trouver, sans pression, les meilleures pistes pour restructurer ou développer sa boîte.
Quels indicateurs ?
Le diagnostic aura tout intérêt à être transversal et mesurer des indicateurs tant financiers que logistiques, stratégiques ou de management. Les aspects légaux sont également visés. Les symptômes visibles pourront être expliqués et de vraies solutions pourront être trouvées. Des solutions axées sur les causes des difficultés ou sur les risques réels.
Les indicateurs à contrôler dépendent du profil de l’entreprise : un commerce, une PME en B–to–B ou une petite entreprise en artisanat méritent une attention particulière et différenciée.
Parmi les paramètres à checker, citons : la vision, la force de l’équipe, les difficultés à s’adapter, les conflits latents entre associés, la part du chiffre d’affaires représentée par de nouveaux produits, le poids des clients ou des fournisseurs, la position à l’égard de la concurrence, la rentabilité, l’évolution des ressources, la mouvance des dispositions légales, les effets de la mobilité…
Diagnostic « flash » ou approfondi
Grâce aux subsides de la Région de Bruxelles-Capitale et aux ressources de Beci, un diagnostic préventif a pu être élaboré à destination de tous les entrepreneurs de la Région. Organisé en plusieurs versions, il permet de faire le point en 15 questions « flash » ou plus, pour la version approfondie. Il propose des recommandations selon les résultats et guide l’entrepreneur vers une multitude de solutions, événements ou partenaires.
Le diagnostic a pu être réalisé grâce à l’observation au quotidien des entrepreneurs au sein du CEd. Plusieurs milliers d’entre eux y apportent, depuis bientôt 15 ans, leurs expériences, difficultés, défis, questionnements… pour y trouver des solutions adaptées. Au quotidien aussi, Beci veille sur les tendances, les dangers, les opportunités et a pu détecter les facteurs–clés pour réussir demain. Le diagnostic est amené à évoluer avec le temps, les nouveaux mouvements, les expériences qui seront partagées, les nouvelles contributions d’experts.
Les premiers tests sont concluants. L’ajustement de la couverture de risques, le renforcement de la proposition de valeur, l’intégration du digital et des nouvelles technologies, l’élaboration de tableaux de bord simples et pratiques, la création d’effets d’échelle, la mise en place d’une logistique agile, la révision des canaux de distribution, le rééquilibrage du portefeuille de produits, la révision des coûts de production… sont des exemples de résultats obtenus avec les entrepreneurs suite à une démarche de diagnostic.
Prenez-le temps de faire le point. Cela ne coûte rien et peut rapporter gros !
Olivier Kahn, coordinateur du Centre pour Entreprises en difficulté
» 6 mois suffisent pour redresser une situation compromise ou pour entraîner la perte de l’entreprise ».
Pour aller plus loin
Un nouvel outil de diagnostic est mis gratuitement à votre disposition (www.beci.be). Il peut constituer la première étape d’une belle réflexion en équipe, avec vos experts habituels ou avec les conseillers de BECI et du CEd.
Contacter le CEd : Eric Vanden Bemden, evb@beci.be
Les observations du CEd
- 80% des problèmes pourraient trouver des solutions optimales s’ils avaient été anticipés ;
- Il n’y a plus de secteurs « pépères » : tous les métiers sont en mouvement, de plus en plus rapides ;
- Faire le point semble inutile : « On connaît ce qui va et qui ne va pas ». Or, les résultats démontrent qu’il y a toujours un intérêt à y consacrer un peu de temps ;
- Les forces, les faiblesses, les leviers sont mal identifiés ;
- Le temps est le premier allié des entrepreneurs ; tant pour la résolution de problèmes que pour le développement d’activité ;
- Trop d’ouvertures sont laissées aux concurrents par excès d’optimisme ou par déni ;
- Le digital reste balbutiant dans les TPE (et PME) alors qu’il permet de décupler les forces ;
- Les entrepreneurs considèrent encore peu les effets de la mobilité sur leur activité ;
- La réaction face à un chantier (travaux urbains) est souvent tardive, après plusieurs semaines ou mois dans des situations extrêmes ;
- Les TPE/PME ne contrôlent pas leurs coûts : les entrepreneurs de petites entreprises ont tendance à se baser sur des indicateurs superficiels et faciles d’accès : l’état de leurs comptes bancaires, leur chiffre d’affaires... La comptabilité n’est pas lisible pour beaucoup et n’est pas suffisamment axée sur le futur. Peu d’entreprises présentent une comptabilité analytique ne fût-ce que sommaire ;
- Les formalités administratives, financières ou sociales sont souvent traitées au second plan, les dirigeants privilégiant leur activité de base sans penser aux conséquences que cela engendrera (refus de permis…) ;
- Beaucoup d’entrepreneurs ignorent encore toute l’offre offerte par la Région, dont les subsides auxquels ils peuvent prétendre ;