« Le nombre de transmissions réalisées sur une année en Belgique n’est pas vraiment mesuré de manière structurée. Cependant, grâce aux rapports annuels M&A Monitor de la Vlerick Business School et celui de la Sowaccess sur la transmission en Wallonie, il est possible d’avoir un bon aperçu du marché belge », explique Marc Van Damme, partenaire de la division Corporate Finance de RSM Belgium. Ces études démontrent que jusqu’en 2018, les multiples ne cessaient d’augmenter. En revanche, depuis 2019, on observe un ralentissement de ces chiffres.
À titre de comparaison, les statistiques aux Pays-Bas démontrent que les prix d’achat des PME ont diminué d’environ 5 % durant le premier trimestre 2020. Il est évident que les multiples varient énormément selon la taille de la société et le secteur dans lequel l’entreprise est active. Ainsi on constate que les entreprises avec un EBITDA élevé sont le secteur pharma, les soins de santé et la technologie (en moyenne entre 8,1 et 9,4). À l’inverse, les secteurs de la construction, de la logistique et de la vente au détail présentent des multiples inférieurs (entre 4,8 et 5,8).
Mais indépendamment du coefficient, est-ce un bon moment pour vendre sa société ?
Oui, si les motivations sont justifiées et à condition que l’entreprise n’ait pas ou a peu souffert de la crise que nous traversons. Des entreprises continuent à bien performer, même en temps de crise. De plus, il y a actuellement du cash disponible. Un grand nombre d’investisseurs sont à la recherche de cibles intéressantes dans une période où les taux d’intérêt restent bas. Les repreneurs font naturellement appel aux banques pour financer une importante part de leur acquisition. Mais dans un tiers des dossiers, le cédant est sollicité pour un crédit-vendeur. Une autre formule régulièrement envisagée est l’« earn-out ». Dans ce cas de figure, une partie du prix d’acquisition est payé à condition que certains objectifs soient atteints. En Belgique, entre 22 % et 31 % des reprises sont réalisées via ce système.
Quel sera l’impact de la crise Covid sur le marché des ventes/acquisitions ?
Les chiffres le démontrent déjà, il y aura moins de transactions clôturées cette année. Il est fort probable que les due diligence seront plus approfondies, que les banques exigent davantage de garanties et que les demandes d’un crédit vendeur et/ou earn-out augmentent.
Les dossiers d’acquisition vont-ils encore retenir l’attention des futurs repreneurs ?
« Oui », répond Marc Van Damme. « Étant donné qu’il y aura moins de dossiers d’acquisition sur le marché, les cas intéressants avec des résultats financiers solides pourraient bien recevoir plus d’attention. Et cela pourrait avoir comme conséquence qu’il n’y aura pas forcément, comme attendu, une contraction des prix », conclut-il.
interview de Marc Van Damme