[interview]
L’impact de la crise Covid-19 sur le marché du travail : un entretien avec Kathy Rosseel, Career Management Director chez Daoust.
La pandémie du coronavirus a-t-elle modifié notre marché du travail ?
K.R. : Absolument. Et pas dans le sens où l’écart entre l’offre et la demande semble se réduire. Au contraire, le marché du travail est toujours tendu et la guerre des talents est d’autant plus d’actualité pour certains profils et dans certaines régions. Je parle plutôt principalement d’un changement dans notre façon de travailler.
Notre façon de travailler n’est-elle pas en constante évolution ?
K.R. : Si effectivement, d’ailleurs en 2020, l’Institute for Future a publié les « 21st Century Skills » (= les compétences du 21ème siècle). Il y mettait en avant dix compétences qui allaient progressivement gagner en importance au cours de ce siècle. La façon dont nous travaillons connaît depuis longtemps un profond processus de transformation, mais la pandémie a encore accéléré ce processus en rendant le besoin de certaines compétences plus urgent pour les organisations et les employés.
De quelles compétences parlez-vous ?
K.R. : Les plus évidentes sont, bien sûr, les compétences numériques. La pandémie a clairement accéléré la transformation numérique : dans la plupart des emplois, travailler avec des outils numériques est aujourd’hui indispensable et dans nos loisirs, c’est devenu incontournable. Pensez par exemple aux appels vidéo qui nous ont permis de rester en contact avec nos amis et notre famille pendant le confinement.
Il existe un certain nombre d’autres compétences qui ont toujours été utiles ou qui ont gagné en importance mais que nous devons plus que jamais essayer de développer.
Je parle, par exemple, de flexibilité et d’adaptabilité. Nous vivons dans un monde VUCA (Volatile, Incertain, Complex et Ambigu), qui exige de la flexibilité et une adaptation à un environnement en constante évolution. Les organisations en sont conscientes depuis longtemps, mais la pandémie l’a encore accentué et les employés s’en sont également maintenant rendus compte. De nombreuses entreprises ont dû rendre le télétravail possible pour leurs employés du jour au lendemain. Et ces employés, à leur tour, ont dû s’adapter à un nouvel environnement de travail : d’un bureau professionnel outillé à un environnement domestique pas toujours adapté. Soudain, nous voyions nos collègues uniquement à travers un écran d’ordinateur et notre pause-café devenait virtuelle. Nous ne pouvions plus rendre visite à nos clients, mais devions tout organiser par des réunions en ligne…
Ces changements constants entraînent une pression accrue et du stress pour les entreprises et les employés. La résilience est donc devenue une compétence essentielle : c’est la capacité à rester positif lorsque les choses ne se déroulent pas comme nous le souhaitons ou lorsque nous sommes confrontés à des revers. Associée à des compétences telles que la flexibilité et la capacité d’adaptation, la résilience nous permet de vivre les problèmes comme des défis et des opportunités, et les changements comme des opportunités d’apprentissage d’adaptation future.
Les compétences sociales sont également plus que jamais sollicitées puisque nous travaillons plus à distance, dans des équipes plus diversifiées, avec des personnes d’origines et de cultures différentes, et parce que nous communiquons par différents canaux (numériques). Communiquer efficacement avec les collègues, les employés, les managers, mais aussi les clients et toute autre partie prenante concernée est devenu un défi très important. Les compétences sociales permettent donc aux managers de maintenir et de développer l’engagement de leurs collaborateurs et la cohésion d’équipe.
Kathy Rosseel, Career Management Director chez Daoust