Digitalisation : au milieu du gué

27 décembre 2019 par
BECI Community

Numérisation, développement d’applications en interne, CRM et outils collaboratifs pour travailler à distance : tout le monde se digitalise. Les entreprises s’y retrouvent-elles ? L’efficacité est-elle au rendez-vous ? 

 

Si, depuis quelques années, les entreprises se digitalisent massivement, cette intégration n’est pas uniforme. En effet, quand certaines sociétés éprouvent encore de la réticence à se mettre au numérique, d’autres n’hésitent pas à y plonger. Pour Jean-Michel André, fondateur de plusieurs hôtels bruxellois (le Jam Hotel, le Berger, le Jardin Secret), le numérique est fondamental : « Le digital en hôtellerie, ça vous permet d’ouvrir un hôtel et d’être rempli trois mois après. Avant, on mettait 3 à 4 années pour arriver aux mêmes résultats.»  

Chaque jour, Jean-Michel a recours à de nombreux outils digitaux : un channel manager lui permet de mettre automatiquement ses prix à jour sur les dizaines de sites internet où il vend ses chambres. Comme pour les billets d’avion, les prix changent constamment ; il dispose alors d’un autre outil qui lui permet d’évaluer les prix de ses concurrents et d’ajuster les siens. En parallèle, il a mis en place plusieurs bots pour interagir en temps réel avec les internautes. « Le combat pour un hôtelier, c’est de vendre ses chambres. Booking nous prend 18 % ; c’est beaucoup, mais ça reste un outil fabuleux. On doit donc jouer intelligemment. » 

Pour ce faire, l’entrepreneur n’a pas recruté un professionnel de l’IT, mais un licencié en archéologie : « Vous imaginez, c’est le type qui cherche tout le temps la meilleure idée. Une fois par mois, il vient me proposer de nouveaux outils pour innover. Il est très précieux ». 

« Le digital en hôtellerie, ça vous permet d’ouvrir un hôtel et d’être rempli trois mois après. Avant, on mettait 3 à 4 années pour arriver aux mêmes résultats. » 

Jean-Michel André, hôtelier 

Digitaliser le monde du food  

Le projet du Food Market bruxellois de Thierry Goor est on ne peut plus ambitieux : l’homme s’est lancé le défi de réunir 17 restaurants au cœur de Bruxelles, et ce dans un espace de 2600 m². Aujourd’hui, si le pari est réussi, c’est en grande partie grâce à la nulérisation : « Le digital est un point clé de notre concept : nous n’acceptons pas de cash, tous les paiements se font par carte. Nous avons également développé notre propre app, qui permet de commander sur place en évitant les files, de commander de l’extérieur et de commander du take away. » Dès que les plats sont prêts, les clients reçoivent un pop-up sur leur téléphone. Pour aller encore plus loin, le Wolf est allé jusqu’à créer son propre système de livraison : « On veut absolument avoir un système qui privilégie un juste prix pour les coursiers. Et puis, on ne veut pas des cowboys de la route qui roulent n’importe comment ». En parallèle, Thierry a décidé de tout miser sur une communication digitale : près de 80 % du budget communication est dédié à Instagram. L’équipe communication du Food Market collabore avec un réseau constitué d’une communauté d’une centaine d’influenceurs bruxellois. 

« Le digital est un point clé de notre concept : nous n’acceptons pas de cash, tous les paiements se font par carte. » 

Thierry Goor (Wolf) 

Lutter contre l’uniformisation digitale 

Julie Enez vit et respire digital. Graphiste de formation, elle est aujourd’hui à la tête de Slide-Up, un réseau d’indépendants actifs dans le secteur de la communication numérique : « Il y a eu une période où tout le monde voulait son site internet. Tout le monde l’a eu et, malheureusement, ils se ressemblent un peu tous. Je suis néanmoins ravie de constater que la tendance change : je sens actuellement une forte demande de création d’identité. Ça tombe bien, c’est ma première spécialité ! » 

Quand on est un professionnel du digital, l’éducation des clients reste un véritable challenge : « Tout évolue tellement vite ! On est tributaires de Google, de ses changements d’algorithmes et de l’évolution constante des technologies. Avoir un site internet ou tout autre support digital, c’est comme avoir un véhicule : on doit l’entretenir et l’alimenter au quotidien si on veut qu’il reste au top. » 

Pour Julie, le digital va connaître le même aboutissement que le print, à savoir le passage du quantitatif au qualitatif : « Avec la digitalisation, on ne peut pas oublier lhumain. Or, je me rends compte que c’est un défi pour les entreprises de combiner cet aspect avec le développement technologique. Mon année 2020 sera donc placée sous le signe des projets créatifs et humains. Il y’a cette phrase de Boris Cyrulnik que j’aime beaucoup : ‘Évolution n’est pas synonyme de progrès. » À bon entendeur… 

« Avec la digitalisation, on ne peut pas oublier lhumain. Or, je me rends compte que c’est un défi pour les entreprises de combiner cet aspect avec le développement technologique. » 

Julie Enez, graphiste 

 

Entretenir l’esprit d’équipe à distance  

Comment rester proche de ses collègues et de ses chefs malgré les kilomètres en 2020 ? Quentin Nickmans en sait quelque chose : le cofondateur d’eFounders, l’incubateur de startups digitales présent à Bruxelles et à Paris doit rester très organisé et compte l’être de plus en plus : « On utilise des outils digitaux qui nous permettent de faire énormément de choses à distance. Avec le télétravail, il faut encore plus de dialogues, en fixant tout de suite des règles précises à respecter ». Nombreux sont les outils qui permettent aux jeunes startuppeurs d’eFounders de fixer des rendez-vous réguliers et de travailler à distance : « On utilise Slack comme messagerie collaborative interne. Des outils comme Zoom.Us, 1Password ou encore Station sont indispensables. Par exemple, ils permettent d’avoir accès aux logiciels et aux mots de passe sans devoir les installer sur son propre laptop. Pour les signatures digitales, on utilise Yousign, qui nous évite de nombreux rendez-vous chronophages ». En matière de télétravail, la transparence, le dialogue et les bons outils numériques seraient donc la clé de tout. 

« Aujourd’hui, nous pouvons garder une traçabilité des prestations effectuées en temps réel, en plus d’une géolocalisation du collaborateur. Cela permet de valoriser le travail effectué tout en facilitant la transparence. » 

Patrick Janssens, CEO d’Iris Group 

Une app qui révolutionne le secteur des services 

Avec la numérisation, certains secteurs connaissent une véritable transformation. C’est le cas pour le secteur du facility management et des services industriels. Patrick Janssens, CEO dIris Group, investit massivement dans la digitalisation : « Nous sommes en pleine phase de développement de We Work, une application que l’on teste sur 700 collaborateurs. Aujourd’hui, nous pouvons garder une traçabilité des prestations effectuées en temps réel, en plus d’une géolocalisation du collaborateur. Nous pouvons également la documenter avec des photos/vidéos. Cela permet de valoriser le travail effectué tout en facilitant la transparence entre l’entreprise et le client ». Pour le CEO, cette technologie change radicalement le rapport au travail : le collaborateur devient maître de sa prestation, avec un autocontrôle partagé et un client rassuré.  

En 2020, la société compte augmenter le nombre d’utilisateurs de l’application et configurer un environnement plus convivial et optimal : « Nous sommes en train de vivre une véritable révolution, un moment charnière qui va transformer le secteur en profondeur ». 

 

BECI Community 27 décembre 2019
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