La mise en œuvre d’une stratégie ESG (environnement, social, gouvernance) est un processus long. Afin d’accompagner les PME, Grant Thornton et BECI ont mis sur pied une série de webinaires mensuels hébergés par la plateforme CONNECTS et destinés aux PME. Ouvertes à tous, les sessions regroupent de nombreux experts et responsables d’entreprises. Au-delà des concepts théoriques et outils méthodologiques, les intervenants partagent expérience pratique, conseils et idées.
De la stratégie à l’action
Reconnaître quand il faut changer, c’est bien. Passer à l’action, c’est mieux. Entre les deux, le chemin peut être long. Et même lorsqu’une organisation a, à tous les niveaux, accepté le principe de la mise en œuvre de l’ESG et clarifié le « quoi » et le « qui », le « comment » reste parfois difficile à mettre en œuvre.
Que l’ESG réside au cœur de votre mission d’entreprise, qu’elle soit conçue comme une stratégie distincte ou d’un exercice d’alignement, il vous faudra traduire votre engagement dans vos méthodes de travail. Comment allez-vous prioriser vos actions en mettant l’accent au bon endroit ? Et comment vous assurerez-vous que votre plan est bien mis en œuvre dans les pratiques quotidiennes, les politiques et les processus de prise de décision dans l’ensemble de l’organisation ?
Nous avons abordé ce thème de l’intégration des processus lors de notre 7e séminaire ESG.
Matérialités
Après un bref rappel des sessions précédentes par Isabel Derison de Grant Thornton, sa collègue Katherine Jespers a d’abord rappelé que la priorisation des actions ESG à entreprendre découle directement de l’identification, et de la hiérarchisation des matérialités que vous souhaitez traiter (voyez nos précédents webinaires pour comprendre ce qu’est précisément une matérialité). Pour ce faire, classez ces matérialités en fonction de leur importance relative pour votre entreprise et vos parties prenantes.
Prenons l’exemple des déchets. Dans quelle mesure une nouvelle façon de les traiter aura-t-elle un impact sur vos bénéfices, vos clients, vos employés ou vos fournisseurs ? Si la réponse à toutes ces questions est « dans une large mesure », les déchets seront probablement l’un des aspects clés sur lesquels vous voudrez vous concentrer.
« En matière d’ESG, c’est dans les process que tout se joue. On parle là concrètement, plutôt que de vagues concepts »
Deep Parekh, MakeOurFuture
Des actions intelligentes
Une fois votre objectif fixé, vous pouvez alors décider d’actions intelligentes. Dans le cas de la gestion de l’eau dans une entreprise alimentaire, il pourrait s’agir par exemple de « réviser la recette pour réduire la consommation d’eau de 10 % d’ici à 2025 ». N’oubliez pas que ces actions doivent être pertinentes, spécifiques, mesurables, réalisables et définies dans le temps. Vous devrez donc vous adresser aux experts qui connaissent le mieux le sujet dans votre entreprise. L’étape suivante consistera à réfléchir avec la direction (ou vous-même si vous dirigez l’entreprise, ou encore un consultant) aux implications stratégiques de ces nouvelles façons de faire, telles que les nouveaux investissements nécessaires ou une politique de prix repensée.
Ce n’est qu’ensuite que vous pourrez concevoir comment vos processus d’entreprise devront être modifiés pour intégrer les actions qui ont été décidées. Cela nécessitera-t-il de petits ajustements à différentes étapes de vos process, ou de nouvelles boucles, des compétences supplémentaires, un changement dans vos fournisseurs ?… Heureusement, il existe des méthodes et des outils pour vous aider à répondre à ces questions, comme l’apqc.
« Mon meilleur conseil : assurez-vous que toute l’équipe soit impliquée ».
Ciara Chauvineau, FSSC
Comment les grandes entreprises procèdent
Ce fût ensuite au tour de Deep Parekh, de MakeOurFuture, de faire part de ses considérations clés. S’engager dans un processus ESG ne signifie pas seulement une augmentation des coûts. L’ESG signifie aussi de meilleures relations avec les employés, une fidélité accrue des clients, un esprit d’innovation, une plus grande efficacité opérationnelle et plusieurs autres impacts qui, à leur tour, augmenteront votre rentabilité. L’expert insiste aussi : l’ESG ce n’est pas juste de la réflexion stratégique, avec de belles images et des engagements sur un site web, mais d’abord des objectifs très mesurables et des processus concrets.
Deep Parekh a également détaillé comment les entreprises les plus avancées nourrissent leur stratégie d’éléments ESG, puis intègrent leurs priorités ESG dans leurs process. « Commencez par fixer des unités de mesures », a-t-il insisté. En effet, ce n’est qu’en mesurant l’impact de vos actions que vous pourrez vérifier qu’elles sont adéquates. Il explique ensuite que la mise en œuvre des actions l’ESG dans vos processus doit être envisagée sous trois angles différents : les ressources humaines (formations, nouvelles embauches,…), l’habilitation technologique (modifier l’utilisation de l’équipement actuel ou le réglage des machines, investir dans un nouvel équipement,…), et la gestion du changement. Et pour réaliser ce changement, expliqué-t-il, les grandes entreprises développent des outils spécifiques tels que des politiques, des procédures ou des tableaux de bord.
Il fait aussi la distinction entre les entreprises qui s’engagent dans le développement durable lorsque cela représente une opportunité de gains à court terme (par exemple en ajoutant simplement un produit « vert » à leur gamme) et les entreprises les plus avancées qui changent d’objectif et repensent complètement leur modèle d’entreprise.
Né durable
Un autre modèle d’entreprise évoqué par Deep est celui du « né durable », où les principes ESG sont, en fait, une partie intrinsèque de la raison d’être de l’entreprise. Le spécialiste de l’équipement de ski Full Stack Supply Company est un exemple. Sa responsable durabilité, Ciara Chauvineau, explique comment l’outil gratuit d’évaluation de B impact développé par BeCorp a aidé son entreprise à hiérarchiser ses actions dans les domaines de la gouvernance, de la gestion des ressources humaines, de l’environnement, de la relation client et de la relation avec les communautés afin d’améliorer sa performance ESG. Pour mieux hiérarchiser ses priorités, l’entreprise utilise également son propre système de pondération. « Tous les membres de l’équipe doivent être sensibilisés et impliqués si nous voulons atteindre notre objectif d’amélioration continue », conclut-elle.