Le monde du travail évolue en permanence. Les technologies, les attentes des clients, les méthodes de travail changent et c’est ainsi que de nouveaux métiers se créent. Avec pour conséquence un enseignement qui doit suivre le mouvement et créer de nouvelles filières d’étude pour rester en adéquation avec le marché de l’emploi. Les explications de Laurent Despy, Administrateur de l’ARES.
«L’ARES est une fédération qui reprend l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur en Communauté française (Universités, Hautes-Écoles, Écoles d’art et Promotion sociale) » commence Laurent Despy. « Une de nos missions, sur base décrétale, est de donner un avis les demandes de création de nouvelles filières. Nous sommes là pour soutenir et appuyer les écoles dans cette démarche », précise-t-il.
Rester en adéquation avec les attentes du marché de l’emploi
Normalement cette démarche se fait tous les ans afin que l’offre de formation soit en phase avec les attentes du marché de l’emploi. Cependant, en 2018, la demande initiale a été énorme : 220 étaient demandées et 47 acceptées in fine. L’ARES a donc décidé de mettre en place un moratoire de 3 ans. «Naturellement, entretemps, les écoles avaient le loisir d’adapter leur programme, en ajoutant des cours par exemple.» Cette année, c’est donc la première fois depuis 2018 que les établissements d’enseignement supérieur peuvent demander de nouvelles filières. Le conseil d’administration de l’ARES a travaillé à la mise en place de la procédure et des critères d’analyse, complété par un avis du conseil d’orientation. «Les critères sont larges, mais permettent de poser des balises. Parmi les balises posées cette année, on retrouve, par exemple, la recherche et l’innovation, la transition climatique, la biodiversité, l’inclusion ou encore la résilience. »
Inclure le monde du travail dans la réflexion
Le processus a démarré en février, l’ARES travaillera sur les demandes en septembre (afin de voir par exemple si la procédure est respectée, si la demande rencontre un enjeu sociétal et des besoins socio-économiques ou culturels, s’il n’y a pas de concurrence ou de redondance auquel cas les écoles devraient se concerter…). Le conseil d’administration soumettra ses conclusions à la Ministre de l’Enseignement supérieur en décembre. C’est à elle et au parlement que revient la décision finale de mettre ou non ces nouvelles filières au programme de la rentrée académique 2022. Il faut donc compter un an et demi pour qu’une nouvelle filière soit ouverte. « Le conseil d’orientation de l’ARES joue un rôle très important. Composé de membres de l’ARES, de représentants des différents types d’établissements d’enseignement, des experts d’Actiris ainsi que des acteurs du monde économique, culturel et associatif, ce conseil pluridisciplinaire est réellement au courant des besoins du marché du travail. Il remet donc un avis pertinent au regard des réalités de terrain », explique Laurent Despy.
Une tendance «verte» se profile
L’ARES s’attend cette année à recevoir une cinquantaine de demandes de nouvelles habilitations. « Nous avons par exemple déjà reçu une demande pour la formation d’expert- comptable afin de l’aligner sur celle proposée en Flandre, ainsi qu’une demande pour une formation en nutrition, un métier qui est actuellement pratiqué sans cadre réel», illustre Laurent Despy. La grande tendance sera toutefois certainement à tout ce qui touche à l’environnement, au genre et à la transition verte et numérique, alors qu’en 2018 l’ARES avait reçu beaucoup de demandes liées à la digitalisation, à la robotique ou encore à l’intelligence artificielle. «Penser l’économie de demain sans intégrer la mobilité, l’écologie au sens large, le zéro carbone, les économies d’énergie et le réchauffement climatique n’a pas de sens », avance-t-il. « Tout ce qui touche au genre est aussi primordial afin de garantir l’égalité des chances. »
Créations, mais aussi suppressions
En dehors de la création des nouvelles filières, l’ARES gère aussi la suppression de certaines d’entre elles. « Créer des nouvelles filières qui répondent à des besoins implique aussi de supprimer celles qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui ou qui ne rencontrent pas le succès escompté. » Tous les 5 ans, l’ARES fait donc le point sur la pertinence des filières. « C’est parfois triste de voir certains métiers disparaître, mais le monde change. Il faut voir cela non pas comme une perte, mais comme une évolution », conclut Laurent Despy.
À propos de Laurent Despy
Administrateur ARES