Les femmes qui quittent le boulot pour une maternité, c’est fini. De nouvelles perspectives s’ouvrent avec des formules de travail plus souples et des pères qui prennent leurs responsabilités dans le ménage.
Les femmes croient de moins en moins en l’égalité professionnelle avec les hommes. La comparaison de plusieurs études Diversity at Work du spécialiste en recrutement Hays le démontre : en 2015, 75 % des femmes estimaient avoir les mêmes possibilités de carrière que les hommes (89 % des hommes étaient de cet avis). En 2016, la proportion retombait à 70 % chez les femmes et 87 % chez les hommes. En 2017, on n’atteignait plus que 62 % et 76 % (avec toutefois une option « sans opinion » qui peut avoir influencé le résultat). Mais rien n’indique une progression du sentiment de reconnaissance chez les femmes.
La discussion aborde souvent la différence salariale. « 45 % des femmes estiment gagner moins que les hommes, mais rien ne prouve que ce soit vrai », commente Elise Denecker, Recruitment & Development Manager chez Hays. « Peut-être les femmes sont-elles encore trop dans les stéréotypes d’antan. S’il y a plus d’hommes dans les fonctions supérieures, il est logique que les hommes gagnent globalement plus. Chez Hays, les deux sexes ont le même salaire, à fonction identique. »
Les millennials cherchent des solutions
L’ambition est puissante. Selon la dernière étude de Hays, la moitié des femmes souhaitent une fonction supérieure (70 % chez les hommes). Mais les femmes estiment leurs chances de promotion plus faibles si leur chef est un homme. « Peut-être une cheffe donne-t-elle l’exemple ou comprend-elle mieux une femme qui a de l’ambition », suggère Elise Denecker. « Elle sait tout ce qu’une femme doit faire pour combiner travail et vie privée. Le stéréotype de la femme qui fait plus que l’homme dans le ménage a la vie dure, mais je pense que la multitude des combinaisons de ménage actuelles fait que l’homme prend tout autant ses responsabilités et que les couples prennent ensemble les décisions de carrière. La femme qui renonce à son travail n’est plus la seule solution possible. »
Les millennials ne considèrent pas qu’une femme qui a un bébé doive faire un pas de côté. Il faut plutôt chercher une solution qui combine travail et famille. Les femmes de la jeune génération sont même plus ambitieuses que les hommes (52 % et 38 %). Sommes-nous à un tournant ? Elise Denecker : « Les modèles évoluent. Une femme ingénieur ne surprend plus personne. La quête du talent est tellement acharnée que voici le temps pour les femmes d’être ambitieuses. Les perspectives ne manquent pas. »
Plus de congé de paternité
Les millennials sont plus attentifs à l’équilibre travail/vie privée. Des formules de travail plus souples y contribuent. « Nous le voyons aussi chez Hays, qui engage beaucoup de jeunes diplômés », témoigne Elise Denecker. « Les jeunes veulent être très actifs, aussi en dehors du travail, pour profiter au maximum de leur journée. La flexibilité facilite la combinaison des activités professionnelles et privées. Les femmes interrogées indiquent davantage que les hommes que cela les aide dans le développement de leur carrière. »
L’extension du congé de paternité pourrait également être un stimulant. En Suède, les parents ont droit ensemble à 480 jours de congé. Il est tout normal là-bas que les pères passent trois mois à la maison pour les enfants. « En comparaison, les 10 jours de congé de paternité dans notre pays semblent bien dérisoires », admet Elise Denecker. « Et les femmes apprécieraient une répartition plus équitable du soin des enfants. Mais comment gérer concrètement un congé de paternité prolongé ? Peut-on partager en deux parts égales les trois mois de congé de grossesse ? Difficile, puisque de nombreuses jeunes mamans souhaitent allaiter. Et donner trois mois aux hommes comme aux femmes deviendrait complexe à gérer. Les employeurs doivent trouver des solutions pour les mamans qui désirent un congé. Et si le père souhaite tout autant de congé de paternité, il faudra trouver un remplaçant pour lui également. »