Les Balkans n’ont pas bonne réputation. Depuis l’implosion de l’ancienne Yougoslavie dans les années 1990, la région donne l’impression d’être en proie à une instabilité politique chronique qui freine les réformes économiques à un tel point qu’elle ne présente que peu d’intérêt pour beaucoup d’investisseurs étrangers. Pourtant, même si elle continue à faire face à beaucoup de défis, l’Europe du sud-est n’a pas à rougir de la comparaison avec beaucoup de marchés d’Europe centrale et orientale. Retour sur une région oubliée.
Les Balkans : facile d’y faire des affaires ?
Les Balkans sont une région où le secteur privé et l’économie de marché ont encore une bonne marge de croissance. Mais cela ne veut pas dire que les réformes n’ont pas déjà été entamées. Le rapport annuel de la Banque mondiale ‘Doing Business’ illustre ces tendances positives. Il établit un classement annuel des pays selon la facilité d’y entreprendre et d’y faire des affaires : en se penchant, par exemple, sur les conditions de création d’une entreprise, sur la durée, le coût et la qualité de la résolution d’un litige commercial par un tribunal de première instance, ou encore sur les coûts et procédures nécessaires pour l’import et l’export.
Trois critères parmi dix au total utilisés par la Banque mondiale pour évaluer les facilités offertes aux entrepreneurs et aux jeunes sociétés à travers le monde. De bons élèves d’Europe centrale et orientale comme la Slovénie, la Slovaquie et ou encore la Hongrie pointent respectivement aux 40e, 42e et 53e places de ce classement. Et les Balkans ? La Croatie, déjà membre de l’Union européenne (UE), est en 58e position ; la Serbie est 48e et la Macédoine du Nord est 10e au classement mondial. Et par rapport à la Belgique ? Elle se trouve en 45e position.
(In)stabilité politique ?
Les conflits des années 1990 restent gravés dans les mémoires, mais hormis le contentieux entre Belgrade et Pristina dont la diplomatie européenne s’occupe depuis 2011, les relations entre les pays de la région se sont normalisées. De plus, en janvier 2019, la Macédoine du Nord a finalement résolu son différend avec la Grèce, long de 28 ans, qui portait sur le nom de cette ancienne république yougoslave.
Et même si les pays de la région savent que leur accession à l’UE risque de prendre du temps (au plus tôt en 2025 pour la Serbie et le Monténégro), les relations commerciales et politiques bilatérales avec l’Europe restent fortes, en grande partie parce que l’UE est le principal marché d’exportation pour la région. De plus, les accords bilatéraux passés avec l’UE dans le cadre du processus d’élargissement en font un acteur incontournable (et stabilisateur) dans cette partie du monde. On ne peut pas en dire autant de l’Afrique du nord, des anciennes républiques soviétiques (et de l’Ukraine en particulier) ou même de la Turquie où l’UE n’exerce pas le même degré d’influence politique et économique.
Et les investissements ?
Les pays de la région restent des marchés à taille modeste, mais cela n’a pas empêché un belle progression ces dernières années des investissements étrangers dans les Balkans. Selon les Nations unies, les investissements vers les pays des Balkans non-membres de l’UE ont augmenté de 54 % durant la période 2012-2017. S’agissant de l’origine des investissements, et même si la Chine y a accru sa présence commerciale (notamment en Serbie), les pays de l’UE restent les principaux investisseurs dans les Balkans, renforçant encore le leadership économique de l’Europe dans la région.
Ce leadership se manifeste aussi dans la stratégie numérique lancée par la Commission européenne en 2018, qui vise à soutenir la transition des Balkans vers l’économie numérique. Un milliard d’euros a été consacré à cette initiative pour la période allant jusqu’en 2020, et la Commission espère en attirer quatre de plus par le biais d’autres sources d’investissement.
Pour en savoir plus : political-edge.com/fr