Débat électoral #4 : Bruxelles, parfaitement imparfaite ?

30 avril 2024 par
Era Balaj

La création d'emplois et l'investissement dans le City Marketing sont-ils des mesures suffisantes pour contrer la dette de la Région de Bruxelles-Capitale ? Benjamin Dalle (CD&V), Françoise De Smedt (PTB) et Pascal Smet (Vooruit) y répondent, lors du dernier débat électoral organisé par BECI.

À moins de deux mois des prochaines élections, Benjamin Dalle (CD&V), Françoise De Smedt (PTB) et Pascal Smet (Vooruit) ont clôturé la dernière soirée des débats électoraux organisés par BECI. Depuis plusieurs semaines, la Chambre de Commerce et l’Union des Entreprises de Bruxelles appellent les représentant·es régionaux des partis politiques à débattre sur les enjeux majeurs de la Région de Bruxelles-Capitale. Ces défis, relevés par BECI dans son mémorandum, comprennent trois axes fondamentaux et interdépendants : l’emploi, l’attractivité et l’efficience de la gouvernance.

 « Si vous étiez Ministre au prochain gouvernement, comment vous y prendriez-vous pour améliorer son efficacité ? » Les  candidat·es aux élections régionales des partis CD&V, PTB et Vooruit ont répondu à cette question posée par Jan De Brabanter, CEO a.i de BECI, lors d’un échange animé.

 

Construire, rénover et entreprendre

Dans son mémorandum, BECI rappelle la mission de taille pour la Région de Bruxelles-Capitale : viser un taux d’emploi de 80% d’ici 2030. Le ministre bruxellois chargé de l’Emploi, Bernard Clerfayt évoquait, lors du troisième débat électoral organisé par BECI, que pour parvenir à cet objectif, plus de 120.000 talents doivent intégrer le marché du travail. D’après Françoise De Smedt, ce taux ne peut être atteint que si les personnes non qualifiées se forment à l’emploi, et précisément aux métiers en pénurie. « Il faut former là où il y a des débouchés », explique la députée au parlement bruxellois, en attirant l’attention sur les domaines de la rénovation et du bâtiment qu’elle qualifie de « secteur prometteur ». De plus, cette branche d’activité permet également de créer plus de logements dans la Région.

Afin de rendre ces secteurs attractifs, la tête de liste bruxelloise du PTB souhaite améliorer les conditions salariales de ces métiers en pénurie. « Augmenter le salaire permet aussi de consommer davantage, et ainsi, de faire circuler l’économie », argumente-t-elle. Pascal Smet la rejoint en insistant sur le fait que « Bruxelles doit pouvoir rémunérer à juste titre ». Autrement dit, au plus un secteur manque de main-d’œuvre, au plus les salaires doivent augmenter. 

« Le plus grand problème de Bruxelles est en même temps sa solution » - Benjamin Dalle

Quant à Benjamin Dalle, il rappelle qu’environ 250.000 Bruxellois en âge de travailler sont sans emploi. Cependant, ce chiffre représente également les potentiels talents de la Région : « Le plus grand problème de Bruxelles est en même temps sa solution », constate le ministre flamand des Affaires bruxelloises. Il encourage notamment les jeunes à se lancer dans l’entrepreneuriat.

 

Bruxelles, parfaitement imparfaite ?

Le City Marketing était au cœur de ce quatrième débat électoral. Sous le slogan « Perfectly Imperfect », cette initiative soutient la promotion de Bruxelles à l’étranger, sous toutes ses formes : tant à travers son image qu’à travers ses entreprises. « Nous devons mieux vendre Bruxelles pour attirer les investisseurs », explique Pascal Smet. Pour cette raison, l’ex Secrétaire d’Etat bruxellois souligne l’importance d’allouer des fonds au City Marketing.

Toutefois, Benjamin Dalle ne partage pas cet avis. D’après lui, « la meilleure stratégie de marketing urbain vient des initiatives de la ville elle-même, et non des marketeurs. » La tête de liste régionale du CD&V émet un doute face au slogan de cette démarche : comment réussir à vendre quelque chose d’imparfait ? À cette question, Pascal Smet répond : « Bruxelles est une ville imparfaite, mais c’est la réalité, et nous ne pouvons pas vendre quelque chose qui n’est pas vrai », avant de reprendre : « et c’est comme cela que les Bruxellois se sentent chez eux. »

« Notre Région n’est plus attractive, car la classe moyenne part de plus en plus, notamment à cause des problèmes d’attractivité et de mobilité. Or, on a besoin d’elle pour tourner les entreprises, donc on doit tout faire pour la garder à Bruxelles », déplore Françoise De Smedt. Pour les inciter à rester, la cheffe de groupe bruxelloise du PTB souhaite diminuer le prix des loyers qui ont considérablement augmenté ces dernières années, par rapport aux revenus.

Économiser coûte que coûte

Face à une dette colossale de la Région de Bruxelles-Capitale, BECI attend des représentant·es politiques, des solutions pour la contrer. Alors que Françoise De Smedt préconise une taxation des milliardaires, pour ainsi réinvestir cet argent dans la société, Benjamin Dalle mise sur la création de l’emploi, afin de générer des revenus supplémentaires.

Le candidat CD&V insiste également sur la priorité des tâches fondamentales de la Région (à savoir : la mobilité, l’emploi, le logement, la sécurité et la propreté), et de mettre de côté les constructions non-essentielles, telles que le musée sur le toit d'un centre commercial ou sur un canal ou encore la construction de la ligne de métro 3. Selon lui, cela permettrait déjà d’économiser près de 100 millions d’euros. Pourtant, Pascal Smet marque son désaccord, en affirmant que c’est justement ce qui contribue à l’attractivité de Bruxelles.

« Bruxelles produit plus de 17% du PIB belge »
- Françoise De Smedt

Afin de limiter la dette régionale, Benjamin Dalle propose également de rationaliser les structures et fusionner les communes, à un moment donné. Cette approche pourrait économiser près de 100 millions d’euros à la Région. Cependant, Pascal Smet encourage davantage à fusionner des districts (par exemple hub.brussels avec visit.brussels) que les communes entre elles.

Françoise De Smedt plaide pour un refinancement du fédéral. « Bruxelles produit plus de 17% du PIB belge. Il est normal qu’à partir du moment où elle produit beaucoup de richesses, une partie doit lui revenir. »

En résumé

Malgré les désaccords, tous et toutes semblent reconnaître les enjeux de taille auxquels Bruxelles se heurte. Afin d’arriver à les contrer, il est impératif pour la Région bruxelloise de générer de l’emploi, réduire les dépenses et rendre Bruxelles plus attractive. BECI espère que d’ici 2030, la Région de Bruxelles-Capitale réussira l’objectif de devenir une ville dynamique et exemplaire.


Era Balaj 30 avril 2024
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