Burnout : le sens au travail, en trois dimensions

3 juin 2021 par
BECI Community

[article invité]

Ce qui frappe chez les gens en burnout ? Quels que soient la (sur)charge de travail, le secteur professionnel, le niveau hiérarchique ou tout autre facteur, une perte massive du sens du travail (« tout ça pour quoi ? ») semble presque toujours avoir précipité le problème. Voilà mon constat. Je suis spécialisée depuis une dizaine d’années dans la santé au travail et la prise en charge de personnes souffrant de burnout.

Une personne trouve du sens dans un travail qui correspond à son potentiel et ses aspirations, qui a une utilité sociale ou environnementale et qui est reconnu par l’entourage professionnel. Le sens du travail génère un certain nombre de bénéfices, pour les employés et pour l’entreprise. S’il trouve du sens à son travail, le collaborateur est motivé, engagé dans son entreprise et confiant en ses capacités. Il déploie des efforts pour atteindre ses objectifs. Il est donc plus performant et productif, s’investit dans les relations professionnelles et contribue à un environnement organisationnel agréable.

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Coresponsabilité

Sens Stress propose un modèle d’intervention axé sur trois domaines pourvoyeurs de sens en entreprise. Le premier domaine concerne le « WHY of work ? ». Il englobe les valeurs, les besoins, le potentiel d’un collaborateur et ce que ce travailleur vient chercher dans l’entreprise. Le second domaine, appelé « Greenhouse », est lié à l’environnement de travail fertile que l’entreprise fournit à ses employés. Le dernier domaine est le « Village ». Il concerne l’ensemble des relations interpersonnelles au sein d’une organisation, marquées par la convivialité, le respect et le soutien. La construction du sens du travail au sein d’une entreprise implique la notion de co-responsabilité des employés et des employeurs. Tous sont responsables des conditions qui favorisent l’émergence du sens.

L’importance des autres

Chez tous les travailleurs, le confinement a mis à mal les trois domaines de sens et, en particulier, le « Village ». Le télétravail a pu être salutaire pour certains au début du confinement (interruptions moindres, diminution du stress lié au trajet maison-travail, etc.). À plus long terme pourtant, l’éloignement des collègues et l’isolement social nuisent au bien-être professionnel. Les collègues et les managers sont importants à deux égards. Tout d’abord, ils participent à la construction du sens du travail : ils donnent du feedback sur le travail accompli et partagent des valeurs. Ils donnent aussi le sentiment d’appartenir à une communauté et évaluent l’impact de l’entreprise sur la société. Ensuite, les collègues et les managers représentent une source de soutien considérable lors de difficultés. Avec le confinement, créer ensemble, travailler ensemble, brainstormer, se soutenir, se rassurer… tout cela a souvent disparu. À ce propos, les études scientifiques montrent que les interactions sociales virtuelles sont moins riches que les interactions en face à face. Les individus se sentent moins connectés aux collègues et aux managers. Ils disent se sentir seuls et moins soutenus.

Rester proches malgré la distance

Que faire pour préserver le « Village » pendant le confinement ? Rester connecté par l’intermédiaire d’appels vidéo formels et informels avec les collègues ou des messageries. Favoriser des échanges en petit comité, voire à deux, pour partager un moment personnel que les grandes réunions virtuelles permettent finalement si peu. Se montrer présent, concerné, reconnaissant vis-à-vis des collaborateurs. Prendre de leurs nouvelles, mais aussi en donner des siennes. Préserver le village, c’est privilégier des connexions authentiques entre les employés d’une entreprise. C’est rester proches malgré la distance.

 

À propos de l’auteur

Stéphanie Delroisse, Docteur en Psychologie & Dirigeante de Sens Stress

BECI Community 3 juin 2021
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