#DeLaRéussiteParmiVous.
Chouna Lomponda est experte en communication et médias, porte-parole du Musée Juif de Belgique et Présidente de l’ASBL Success DiverStory. Un matin, alors qu’elle parcourt sa revue de presse, la jeune femme tombe sur un article à propos du manque de diplômes chez les jeunes, illustré par des photos de personnes noires et de type arabe. « Ce genre de stéréotype, j’en vois tout le temps. Même les médias n’y échappent pas », commente-t-elle. « Cela a fait jaillir en moi l’idée d’une grande campagne de marketing sociétal pour lutter contre la discrimination. » C’est ainsi que le projet #DeLaRéussiteParmiVous voit le jour.
La preuve par l’exemple
Le concept de campagne : banaliser les réussites des personnes issues de la diversité, au travers d’une photo glamour qui présente 18 parcours inspirants.
Parmi ces ‘roles-models‘, on retrouve par exemple Insaf Bo, une jeune trentenaire née à Casablanca. Active dans le milieu de la communication financière, elle sensibilise les jeunes générations à l’importance de leurs finances personnelles tout en suscitant la prise de conscience quant aux enjeux économiques mondiaux. Originaire de la République Démocratique du Congo, Richard Zita, est quant à lui titulaire d’un master en finance et d’un diplôme d’études spécialisées en gestion des risques financiers. Avec près de 20 ans d’expérience bancaire, Richard Zita est un consultant confirmé, actuellement en mission au sein du groupe BNP Paribas Fortis. Enfin, la Belgo-Japonaise Maya Yamaguchi est directrice financière, des ressources humaines et de l’administration au sein de l’ONG internationale SOS Villages d’Enfants.
Ces modèles, Chouna les a sélectionnés sur base du caractère inspirant de leur parcours : « Les jeunes d’origine étrangère ont besoin de pouvoir s’identifier à d’autres modèles de réussite que ceux issus du sport ou de la musique. Avec ces 18 profils, notre objectif n’est pas de faire l’éloge de la réussite, mais bien de la banaliser, la sortir de l’exception et montrer qu’elle est partout dans la diversité. » La force de cette campagne est en effet de présenter des cas réels, qui, malgré les difficultés rencontrées, ont réussi à matérialiser les rêves auxquels ils croyaient.
Inspirée de la photo des Oscars, l’affiche de la campagne se veut glamour, loin du misérabilisme habituellement utilisé lorsqu’on traite le sujet de la diversité. « #DeLaReussiteParmiVous consiste en une réponse élégante, constructive, et surtout pédagogique à l’adresse des jeunes, des médias, du grand public et des décideurs. »
En pratique…
Cette grande campagne de sensibilisation – qui s’étalera sur un an – est un projet transmédia qui se décline par un site web, où sont présentés les parcours via des capsules vidéo, une communication digitale appuyée par des partenaires de taille tels que Google et Semetis. Une expo photo organisée en collaboration avec Visit.Brussels dans le cadre de Mixity.be se tient aussi Place des Palais jusqu’au 15 janvier.
Des workshops et des sessions d’information sont également organisés dans les entreprises. « Nous souhaitons en effet toucher directement les entreprises et les décideurs économiques, car ce sont eux qui pourront solliciter les compétences et les talents de ces travailleurs issus de la diversité », explique Chouna.
Des partenariats ont aussi été mis en place avec des écoles, hautes écoles et universités. Tout au long de l’année, des conférences, lors desquelles certains de nos ‘role-models’ viendront raconter leur parcours, seront organisées. Un dossier pédagogique a aussi été prévu pour les enseignants souhaitant aborder cette thématique avec leurs élèves. Un projet du livre de la campagne est en cours
Vous souhaitez en savoir plus, soutenir la campagne ou organiser des sessions d’info sur le thème de la diversité au sein de votre société ? Rendez-vous sur le site www.sdstory.org pour plus d’infos.
Rachid Azaoum, vice-président de Beci, est l’un des 18 visages de la campagne #DeLaReussiteParmiVous. Natif du Maroc, il est arrivé en Belgique à 7 ans. Il a débuté sa carrière au sein du groupe Quick Restaurants comme étudiant et a ensuite gravi les échelons. Aujourd’hui, Rachid est patron de 5 franchises de la chaîne où il emploie environ 160 travailleurs et projette d’en ouvrir prochainement une 6e sous la bannière Burger King. Engagé socialement, il est l’un des membres fondateurs de la deuxième antenne du réseau Entreprendre Bruxelles, qui a pour but d’accompagner les jeunes start’up.
« Avec cette campagne, nous voulons montrer que les personnes d’origines étrangères et diverses installées en Belgique sont aussi des citoyens à part entière et qu’ils participent à la vie de notre société. Pour ma part, j’aime vivre dans ce pays qui a accueilli mes parents il y a de nombreuses années. J’ai eu la chance d’y grandir, d’y faire mes études et aujourd’hui d’y travailler. Je voudrais montrer aux jeunes générations qui sont, comme moi, issues du milieu ouvrier, qu’on peut faire un très beau parcours professionnel si on s’en donne les moyens. Beaucoup de jeunes se cherchent et je suis fier d’avoir été choisi comme une figure inspirante pour ces jeunes en quête de modèles. »
Pour Rachid, les problèmes de discrimination sont profondément ancrés dans la société et, au-delà de la sensibilisation, il y a de nombreuses actions à entreprendre. « Les entreprises devraient mettre en place de vraies politiques de diversité. » Certaines le font déjà, mais elles sont encore minoritaires. « Or, mixer des équipes, tant en termes de genre que d’âge ou de culture, est un vrai plus pour les entreprises. La double culture des personnes d’origine étrangère devrait être considérée comme un atout et non comme un frein. Dans des villes très multiculturelles, comme Bruxelles, avoir des équipes représentatives de sa clientèle permet aussi de mieux l’approcher et la comprendre. Les entreprises qui font un pas vers la diversité en retirent des bénéfices, à la fois sur le plan humain mais aussi sur le plan économique. »
Il estime aussi que la diversité sur le marché de l’emploi ne pourra être réussie que si elle est portée par l’ensemble des acteurs publics et privés. « Les actions menées pour lutter contre la discrimination doivent s’inscrire dans la société toute entière. Il y a des améliorations à apporter au niveau de l’enseignement, notamment en gardant en poste des personnes qualifiées, mais aussi en visant la réussite de chaque élève. Du côté des entreprises, les responsables des ressources humaines pourraient suivre des formations à la diversité afin de sortir de leurs réflexes inconscients. » Il suggère aussi de mettre en place des politiques pour favoriser l’engagement de jeunes non qualifiés et ensuite les former en entreprise. « Cela encouragerait les entreprises à engager ce profil de jeunes. » Une dernière piste, mais pas la moindre, est de soutenir ceux qui souhaitent entreprendre. Face à la difficulté de trouver un emploi, beaucoup de jeunes issus de l’immigration décident en effet de lancer leur propre affaire.