Ce 28 avril, c’est la Journée internationale des filles dans les TIC. Cette initiative vise à encourager les femmes à étudier et à travailler dans le domaine du numérique. Une nécessité aux yeux des Nations Unies et des entreprises. Si le secteur des technologies informatiques ne cesse de croître, il a malgré tout du mal à se féminiser. Avec moins de 20 % de femmes, le secteur est en effet très genré.
Créée en 2011, la Journée internationale des jeunes filles dans le secteur des TIC encourage les jeunes filles et les jeunes femmes à faire des études ou à embrasser une carrière dans le secteur en pleine croissance des technologies de l’information et de la communication. Cette initiative de l’Union internationale des télécommunications (UIT) leur donne les moyens d’y parvenir. Elle est organisée dans 150 pays.
Les TIC, un secteur attractif pour les femmes
L’avenir du secteur des TIC s’annonce passionnant. Il ouvre des horizons inconnus, placés sous le signe de la créativité et de l’innovation. Les TIC font appel à des méthodes de travail, d’interaction et d’apprentissage qui devraient séduire les femmes autant que les hommes.
Les femmes cadres du secteur des TIC gagnent en moyenne 9 % de plus que dans des postes comparables au sein d’autres activités de services. Le secteur des TIC permet également aux femmes cadres de bénéficier d’une plus grande souplesse pour aménager leurs plages de travail et elles y sont moins exposées au risque de chômage.
Le secteur des TIC est un secteur en pleine expansion du point de vue de l’emploi, offrant des perspectives de carrière très intéressantes.
Une femme dans un département TIC : une espèce rare ?
En dépit des atouts du secteur, les femmes y restent sous-représentées. Elles constituent aujourd’hui, dans les pays de l’OCDE, moins de 20 % des spécialistes des TIC. En Belgique, selon le top 100 des professions de Statbel, on ne compte que 13 % d’ingénieures civiles, 19 % de femmes managers TIC et seulement 11 % de conceptrices de logiciels.
De plus, beaucoup de femmes quittent ce secteur en milieu de carrière. Ainsi, le pourcentage de femmes dirigeantes dans la branche est particulièrement bas : 19,2 % des travailleurs du secteur IT ont pour chef une femme, contre 45,2 % des travailleurs d’autres secteurs. Le ratio femmes/hommes est particulièrement défavorable en ce qui concerne les postes à responsabilité. Les auteurs de l’étude attribuent ce phénomène à différents facteurs, notamment aux traditions culturelles et stéréotypes quant au rôle des femmes dans un secteur TIC à forte dominante masculine. Les femmes manquent de modèles à suivre dans le secteur.
Pourquoi féminiser le secteur des TIC ?
Ce secteur doit investir davantage de ressources dans le développement d’un capital humain et créer un environnement propice pour les femmes et les jeunes filles. Les études montrent que la réduction de l’écart entre les emplois masculin et féminin est un facteur important de croissance économique en Europe depuis dix ans. Employer des femmes et des jeunes filles dans le secteur des TIC ne relève donc pas seulement de la justice sociale : c’est également une démarche économique intelligente.
Par ailleurs, la venue de femmes crée une toute autre dynamique d’équipe. La sensibilité est différente, plus forte. On ne perd pas de temps à des blagues potaches. C’est très sérieux, on arrive à avancer. Une équipe avec de la diversité est toujours plus équilibrée et plus efficace.
Agir dès les études
Dans son dernier rapport sur l’égalité des genres dans les secteurs du digital et des médias, le Parlement européen observe que pour 1.000 femmes titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur en Europe, seules 29 possèdent un diplôme dans le domaine des TIC (contre 95 hommes). Par ailleurs, si les adolescentes utilisent l’informatique et l’Internet tout autant que les garçons, la probabilité qu’elles envisagent une carrière dans un domaine technologique est cinq fois moindre.
À peine 10 % des étudiants en TIC représentent la gent féminine. Les stéréotypes sont toujours la cause principale de cette situation. Environ la moitié des jeunes filles estiment encore que la technologie sied davantage aux hommes qu’aux femmes. Tant les parents que les professeurs continuent d’orienter les étudiantes vers des métiers plus traditionnels, comme les soins de santé.
Pistes à suivre
Pour réussir à féminiser le secteur des TIC, il faut réussir à sortir des clichés. Celui de la petite fille qui joue à la poupée et du petit garçon au Lego. Celui des séries télévisées qui montrent des femmes avocates, médecins, enseignantes, mais très rarement ingénieures ou informaticiennes. Celui de l’informaticien solitaire et renfermé. Les métiers des TIC sont aussi des professions de femmes.
Pour les en convaincre, mettons davantage de rôles-modèles en évidence. Les jeunes filles et les femmes seront encouragées à choisir ce secteur si elles peuvent s’identifier à des femmes, des mères, des épouses… qui s’y épanouissent.
Une autre piste est de revoir les offres d’emplois pour attirer davantage de femmes. Les descriptions ne doivent pas être trop masculines. Il faut faire attention au langage utilisé afin que les femmes se voient à ces postes.
À propos de l’auteure
Gaëlle Hoogsteyn, Journaliste spécialisée en RH, finances et entrepreneuriat