L’export de voitures d’occasion n’est plus ce qu’il était. Alors que les transferts via Anvers se comptaient encore par centaines de milliers il y a deux ou trois ans, ce marché n’est plus que l’ombre de lui-même aujourd’hui. En cause : le durcissement des législations africaines sur l’importation de voitures. Mais il y a aussi les aspects positifs.
On aurait pu croire que le durcissement des normes anti-pollution, en particulier l’introduction de zones « basses émissions » dans de grandes villes comme Bruxelles, allaient permettre d’améliorer le tableau des voitures expédiées vers l’Afrique. C’était sans compter un brusque durcissement de la législation africaine : désormais, à l’exception du Bénin par où peuvent encore transiter de vieux véhicules, les autres pays d’Afrique de l’Ouest interdisent l’importation de voitures de plus de cinq ans.
Première victime de ce brusque ralentissement des exportations : le projet de terminal « roll-on roll-off », que le Port de Bruxelles rêvait encore de lancer voici quelques mois. Il devait permettre de déplacer les activités de revente de véhicules du centre de Molenbeek et d’Anderlecht, en particulier du quartier Heyvaert, vers la zone portuaire. Il y a désormais trop peu de véhicules à transporter. Fin 2018, le conseil d’administration du Port de Bruxelles a été contraint d’arrêter la procédure d’attribution d’une concession pour l’exploitation du terminal.
Afin de maintenir des flux positifs entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe, le port d’Anvers a de son côté lancé Carloop. « Il s’agissait de tester une année durant le rapatriement de voitures hors d’usage en provenance du Bénin, plaque tournant de ce commerce en Afrique, afin de les recycler dans les règles de l’art », explique Catherine Leenaerts, General Manager de Febelauto. « Le hic, c’est que le poids total des conteneurs au départ du Bénin était supérieur à leur poids à l’arrivée… ». Lorsqu’ils rentrent en Afrique, les véhicules importés sont pris d’assaut par des pilleurs qui les désossent à la sortie du bateau. Et ce phénomène s’est visiblement reproduit lors du rapatriement des véhicules hors d’usage (VHU) réexpédiés d’Afrique vers l’Europe en vue d’y être recyclés. Résultat : les flux sur lesquels comptaient Campine, Galloo Recyclage ou encore Toyota ont été bien moins élevés qu’attendus.
Pièces détachées d’occasion : une relocalisation verte ?
Plutôt que de filer vers l’Afrique, ces véhicules semblent donc devoir boucler leur réincarnation chez nous. Et c’est là que nous relevons peut-être les premières évolutions positives de ce dossier : « En captant un plus grand nombre de véhicules à démanteler, dépolluer et recycler, les affaires de nos membres vont encore mieux marcher. Car plus de voitures hors d’usage à recycler et à valoriser, ce sont des infrastructures qui peuvent être maximalisées », souligne Catherine Lenaerts. Bonne pioche potentielle également pour le Prec, avec la possibilité de faire émerger une filière de pièces détachées d’occasion encore plus consistante.
Quand l’exportation d’une voiture entière vers l’Afrique génère un chiffre d’affaires de 1.000 euros, la re–commercialisation de chacune de ses pièces dans un des quinze centres de démontage agréés par Bruxelles Environnement génère quant à elle un chiffre d’affaires trois à quatre fois plus élevé, tout en alimentant les marchés européens et africains en pièces détachées d’occasion de qualité et en permettant la mise à l’emploi de démanteleurs et de mécaniciens qualifiés, opérant dans le respect de la législation environnementale. Bref, une relocalisation verte qui profite à l’ensemble des parties prenantes, y compris africaines.