Le développement économique d’une région est intimement lié à la formation et à l’emploi. L’un ne va pas sans l’autre. À Bruxelles, près de la moitié des étudiants suivent un cursus à l’ULB ou à la VUB. En vue des élections, les deux universités bruxelloises ont publié un mémorandum commun. La parole est donnée aux recteurs.
Avec près de 100.000 étudiants dans le supérieur, Bruxelles est la plus grande ville étudiante du pays. Ensemble, VUB et ULB rassemblent 45.000 étudiants, soit près de la moitié de la population étudiante bruxelloise. Les deux universités emploient par ailleurs près de 15.000 personnes. C’est forts de ce poids humain que Caroline Pauwels, rectrice de la VUB, et Yvon Englert, recteur de l’ULB, ont présenté un mémorandum commun en vue des élections. « Les universités ont un impact important, tant sur l’activité économique que sur la création d’emplois dans la région où elles sont implantées. En tant que grands acteurs de la formation à Bruxelles, nous voulons jouer un rôle important dans le développement de la capitale », commence Caroline Pauwels. Cela passe par l’éducation et la recherche, mais aussi par une connexion à la ville, tant en termes de durabilité que d’urbanisme. C’est donc autour de ces quatre axes que s’articulent les différents projets concrets présentés dans le mémorandum.
École multilingue et district universitaire
Au niveau de l’enseignement, l’un des projets–phares de la VUB et de l’ULB est de créer à Bruxelles des écoles multilingues. La Ville de Bruxelles s’est d’ores et déjà portée volontaire pour participer à la phase pilote du projet. « Créer des écoles multilingues répond aux besoins de Bruxelles qui est elle-même une ville multilingue et multiculturelle », explique Caroline Pauwels. « Par ailleurs, vis-à-vis du marché de l’emploi, former des jeunes dans plusieurs langues est un atout. Actuellement, en dehors de l’enseignement en immersion, la seule offre est celle proposée par les écoles européennes qui, d’un point de vue financier, ne sont pas ouvertes à tous de façon équitable. Les écoles multilingues sont donc une vraie réponse aux attentes des citoyens, des étudiants et des entreprises. »
Et Yvon Englert de poursuivre : « Dans une école multilingue, il n’y a pas de langue dominante. Français, néerlandais et anglais y seront enseignés et utilisés sur pied d’égalité. Cela permet d’avoir, dans une même classe, des enfants dont la langue maternelle n’est pas la même, favorisant ainsi la découverte de la culture de l’autre. »
Autre grand projet de ce mémorandum : la création d’un « district universitaire » rassemblant les campus Solbosch, Plaine, Usquare et Flagey. « Dans le cadre de la dynamique de rapprochement de nos universités, nous avons réfléchi en profondeur à l’organisation de nos campus comme lieux de vie », explique Yvon Englert. « Ceux-ci se trouvent dans une partie relativement circonscrite, à cheval sur plusieurs communes. Donner une identité de district universitaire à ce périmètre lui apporterait un caractère attractif et permettrait d’y concentrer des actions bien identifiées par rapport à cette identité universitaire. »
« Nous devons être des acteurs universitaires centrés sur l’enseignement et la recherche, mais aussi des acteurs de la cité. Quand on pense stratégiquement à un district, des idées nouvelles émergent. Nous voulons développer ce pôle de façon durable et travaillons pour cela en étroite collaboration avec les communes concernées », ajoute Caroline Pauwels. Identifier cette zone comme un district universitaire serait par ailleurs positif pour le rayonnement international de Bruxelles.
Renforcer les liens avec les entreprises
Au cœur de ce mémorandum aussi, l’importance de penser ensemble la formation et l’emploi. Car l’un ne va pas sans l’autre. « Plus que jamais, il faut créer des liens entre les acteurs de la formation et les entreprises », assure Yvon Englert. À l’ULB et à la VUB, cela passe notamment par une grande importance accordée à la formation continue. Une attention toute particulière est aussi portée à l’innovation. Ainsi, grâce à leurs StartLabs, ULB et VUB soutiennent les initiatives entrepreneuriales et la création de start-up issues de travaux de recherche universitaire.
Et Caroline Pauwels d’ajouter : « Le projet Wekonekt.Brussels est aussi un levier important pour créer des liens entre les entreprises et nos étudiants à Bruxelles. L’objectif est de leur montrer que Bruxelles est un pôle d’emploi important et attractif. On veut leur montrer la diversité de Bruxelles en tant qu’employeur et leur permettre de déjà nouer des contacts pour leur vie professionnelle future. »
Main dans la main
La formation à Bruxelles, ce sont aussi les Hautes Écoles, la formation en alternance, Bruxelles Formation, etc. « On se voit comme des acteurs complémentaires de la formation et pas comme des concurrents. Ainsi, il y a de plus en plus de partenariats entre les Hautes Écoles et les universités. Au niveau de la formation continue, nous collaborons aussi étroitement avec Actiris et Bruxelles Formation », assure Yvon Englert.
Mais la collaboration des universités avec Actiris ne s’arrête pas là. Car si la VUB et l’ULB sont des organismes de formation, ce sont aussi deux employeurs importants. « Quand on parle de l’emploi à Bruxelles, on ne peut pas ignorer les discriminations à l’embauche qui existent encore. En partenariat avec Actiris, nous nous sommes engagés dans un plan de diversité pour notre propre personnel. Nous souhaitons devenir exemplaires dans l’égalité d’accès à l’emploi », déclare Caroline Pauwels.
« Repenser la formation et l’emploi face à des savoirs de plus en plus périssables, s’intégrer dans une ville, favoriser l’égalité des chances et l’accès aux savoirs, continuer à être créateur, acteur et consommateur de valeurs, c’est un travail de longue haleine qui se réalisera sur le long terme », conclut Yvon Englert.
Dans notre numéro de juin
David Leyssens, directeur du réseau The Shift pour un développement durable, sera le rédacteur en chef invité de notre dossier Green, le mois prochain.