La crise du Covid 19 offre-t-elle des opportunités ? L’entrepreneuriat féminin rencontre-t-il des défis et difficultés spécifiques ? Faut-il développer des outils et une approche particulière adaptée au public des femmes ? Les femmes ont-elles besoin de rôles modèles ?
Autant de questions abordées au cours d’un débat organisé par OpenWork, animé par Emmanuelle Einhorn, Conseillère Starters chez Beci, avec la participation d’Alice Zagury, CEO The Family et de Julie Foulon, fondatrice et animatrice de Girleek.
Forte de son expérience au sein de Molengeek et de Girleek, Julie Foulon forme au quotidien les femmes aux nouvelles technologies et les conduit à l’entrepreneuriat. Comme elle le souligne « il ne s’agit pas uniquement à apprendre à coder, mais aussi à apprendre les codes entrepreneuriaux ». Même analyse pour Alice Zagury qui met en avant l’acquisition d’un savoir-être entrepreneurial développé dans son programme Goldup.
L’entrepreneuriat féminin : se former aux compétences digitales
Julie Foulon insiste sur l’objectif de développer un entreprenariat techno-paritaire. Pour faire bref, les femmes ont plus de difficultés pour accéder à l’entreprenariat et peu d’entre elles se retrouvent dans le secteur technologique. Or, la maîtrise des outils technologiques est un moyen d’acquérir une indépendance, d’avoir en mains « les clés de la maison ». En ce sens, la formation aux nouvelles technologies est une des clés de l’entreprenariat féminin.
Des communautés d’entrepreneuses
Au-delà de la gestion d’outils, les trois intervenantes du débat concordent sur la nécessité de la communauté pour trouver des ressources et procurer de la facilitation, du mentorat et de la motivation. Cette communauté doit-elle s’adresser spécifiquement aux femmes ? Au départ, cette idée ne plaisait pas beaucoup à Alice Zagury. N’était-ce pas une forme de ségrégation ? Mais le constat d’une présence d’à peine 5% de femmes dans leur public de candidats l’a convaincue de tenter le coup.
Une approche spécifiquement adressée aux femmes semble donc pertinente. Julie Foulon l’explique de cette manière : « une femme qui se lance trouve davantage de freins dans son entourage qui la dissuadent d’entreprendre ; le facteur temps disponible est aussi spécifique, c’est pour cela que mes formations durent un maximum de deux heures ». Alice Zagury de compléter : nous nous sommes rendu compte du phénomène d’auto-censure selon lequel beaucoup de femmes se disaient, peut-être à tort, que notre programme n’était pas pour elles.
Alice Zagury
Les communautés où les femmes entrepreneuses bénéficient de l’intelligence collective du groupe doivent tenir compte du stade de développement du projet personnel et entrepreneurial. Le regard et l’aide d’un pair est extrêmement précieux, de même que celui d’un rôle modèle, qui n’est pas un exemple distant, mais un exemple proche et accessible qui est « déjà passé par là avant » et qui se trouve à un stade plus avancé dans la réalisation de son projet.
Fonctionner en réseau
Rejoindre un réseau est un élément fondamental de réussite. Dans son diagnostic, Alice Zagury n’y va pas par quatre chemins : « C’est un fait, dans la prise de risques, les femmes ont un retard. Dans leur parcours, elles ont eu moins de moments de prise de risques. Il importe qu’elles puissent dépasser et surmonter ce retard. Et le fait pour elles de se dire ‘je ne suis pas seule’ est aussi très important. » En effet, abonde Julie Foulon, les femmes ont besoin d’un accueil et d’une attention particulière.
Le regard, le conseil et le soutien d’une communauté active sont d’une importance capitale. En particulier lorsqu’il s’agit de pairs qui partagent le même quotidien et dont les compétences et l’expérience peuvent profiter à l’ensemble de la communauté. Il faut oser demander, ne pas avoir peur et savoir à qui on peut demander quoi.
La crise : une opportunité pour l’entrepreneuriat féminin ?
Face au confinement, les trois interlocutrices partagent un même constat : un engouement, un enthousiasme et un dynamisme des femmes pour les modules d’échanges et de formations organisés à distance. Le bilan est plus que positif : pas de perte de qualité des échanges, au contraire, les ateliers à distance sont autant d’occasions de tisser du lien ; un gain de temps en évitant les déplacements ; une attention et une concentration accrue lors des modules à distance.
En guise de conclusions, les interlocutrices s’accordent sur une série de constats : le développement de l’entrepreneuriat féminin demande une approche spécifique qui doit s’adresser directement aux femmes ; il faut créer et animer des communautés de femmes entrepreneurs, il convient de continuer à développer les compétences digitales et entrepreneuriales des femmes.
Cet article vous est proposé par la Cellule Diversité de Beci.
Avec le soutien d’Actiris.