Dynamique, bouillante d’idées et gorgée d’expériences, Anne-Sophie travaille en culture dans l’ombre depuis des mois pour mettre en lumière les artistes contemporains qui peuplent Bruxelles et ses alentours. Un cheminement clair-obscur et parsemé d’embûches sur le chantier que nous a laissé la crise, mais qui n’en reste pas moins audacieux et rafraîchissant pour la belle Bruxelles.
Le Printemps des Artistes…
C’est dans la rue des Éperonniers que le tapis rouge se déroule pour les artistes. Les invitant à sortir de l’ombre après des mois d’incertitudes, ACT-Exhibition a lancé un appel aux âmes inspirées, virtuoses, bohèmes ou fantaisistes pour se révéler, s’exprimer et partager… à nouveau.
Abréviation de Art Confné Temporaire, ACT-Exhibition est une association francophone née entre Paris et Bruxelles, axée sur la création de projets d’occupation temporaire, dédiés à la culture dans nos villes et nos rues.
Pour ce printemps 2021, l’asbl dévoilera son premier projet. Vingt-cinq artistes présentés au travers de créations inédites dans vingt-cinq commerces. C’est en effet dans les cafés, restaurants, lavomatiques et chez les coiffeurs que les œuvres seront exposées, transformant ces lieux de vie en lieux d’exposition.
Réféchi sur trois volets, le concept exploite le potentiel d’un urbanisme inspirant au service d’artistes talentueux et à l’issue d’une crise. On y découvrira les émotions, les opinions et les revendications de photographes, documentaristes, sculpteurs, poètes, dessinateurs, artistes de la scène, plasticiens, designers, illustrateurs, graphistes, danseurs, etc.
«On transmet le message et les émotions des gens, suscitées par l’actualité, car la créativité rend les choses plus douces. » Si le projet a directement séduit l’échevinat du Commerce de Bruxelles, alors devenu son premier partenaire, il n’a pas fni de susciter l’enthousiasme. Dans la cour des artistes, ce sont 229 candidats qui se sont bousculés pour intégrer les vitrines de la rue des Éperonniers.
Escorté par une solide équipe professionnelle, ACT a épluché chaque projet. Avec ses trois membres du jury – Bradly Dunn Klerks (expert senior en innovation pour les arts et la technologie), Amélie Marneffe (artiste contemporaine) et Denis Meyer (peintre et graveur) – ainsi qu’avec le chanteur Arno, parrain du projet, ils ont sélectionné 25 profils.
La réalisatrice Anne-Charlotte Moulard a également rejoint l’équipe pour capturer les témoignages des artistes sur base de leur contexte émotionnel. Ces capsules vidéo ont été diffusées depuis le 20 février sur les réseaux sociaux. Un « teasing » qui touche et séduit déjà la Belgique.
Qui se cache derrière l’initiative ?
Avec un diplôme en architecture en poche, Anne-Sophie a touché à tout. Elle a débuté dans la production événementielle corporate, puis dans l’univers de la mode où elle était notamment le chef de projet pour l’organisation des défilés de mode de la marque Kenzo pour le compte de Villa Eugénie. « Je suis la première interpellée par les publicités dans le métro à Paris et leur impact », partage Anne-Sophie. C’est avec cette passion et sensibilité pour le monde artistique qu’elle se lance dans un projet qui lui tient à cœur…
En 2018, elle monte Brainstories.art, un projet d’envergure à l’accent culturel ayant pour client le groupe LVMH. La réalité frappe de plein fouet, le Coronavirus arrive et ravage la sphère culturelle. Proactive et passionnée, Anne-Sophie met son imagination au service de la crise. C’est sur ce terrain vague mais fertile qu’a alors éclos l’idée « Art Confné Temporaire ».
L’équipe s’est développée et l’asbl est aujourd’hui menée par Anne-Sophie (directrice artistique et production) et Marie Docquiert (chef de projet et coordinatrice générale).
« Art Confné Temporaire est notre premier projet. Nous espérons pouvoir développer d’autres projets artistiques abordant des thématiques sociétales telles que celles du confnement », ambitionne le duo féminin.
Un projet tant vertueux que périlleux
ACT-Exhibition place l’humain au centre du projet. C’est axée sur les valeurs du partage, de la découverte et de la philanthropie que sa vocation tend à donner accès à l’art et la culture de manière universelle.
« Je me suis demandé comment, à travers l’art, peut-on recréer le lien avec l’espace public et les gens, dans un quartier. Puis, je me suis demandé comment retranscrire ça dans l’espace public et surtout, comment rendre ça utile ? Dans les vitrines des magasins ! »
Un cheminement qui aura suscité chez la directrice artistique une remise en question sur notre avenir, une pleine conscience sur notre environnement et une clairvoyance sur notre monde dans son état actuel.
C’est un projet solidaire de A à Z qui a pour but d’organiser une rencontre, une découverte et une émotion tant sur le plan artistique qu’humain.
« Les artistes ont plein de choses à dire, ils laissent une trace sensible et ils témoignent de notre époque. Ce qui est important, c’est de recréer une connexion entre les gens à travers une thématique, une œuvre, un projet artistique. Exprimer, extérioriser et partager les émotions qui ont été générées par la Covid-19. Ça a commencé par le silence, l’inconnu. Puis l’angoisse, l’énervement, la peur. Puis la résilience, les projets… Ça a suscité beaucoup de choses », partage Anne-Sophie.
Les fnancements injectés sont destinés à la production et la communication du projet pour mettre en valeur les artistes et les commerces. Ça a permis de payer, un ingénieur du son, un chef opérateur, un loueur de matériel technique, un imprimeur, etc. Avec une équipe audacieuse, un solide réseau et des artistes talentueux, le projet aura créé une micro-économie sur le terrain aride qu’est le secteur culturel. Un déf jusque-là relevé haut la main, mais qui ne cessera pas de se reposer sur la solidarité pour pérenniser.
L’exposition se déroulera rue des Éperonniers à Bruxelles du 18 mars au 4 avril 2021, soit un an, jour pour jour, après le premier confnement…
article rédigé par Camille Trad