Maîtrise de son business-plan, dilution de l’actionnariat, connaissance des méthodes existantes, fixation du prix, volet juridique… Valoriser son entreprise n’est pas une mince affaire. Cette opération se prépare minutieusement afin de la rendre optimale pour soi et les investisseurs.
Pierre Hermant, CEO de finance&invest.brussels, a longuement traité du sujet lors de notre 3e scale-up night. Il énonce quelques règles de base pour optimiser la valorisation de sa société.
Comprendre son business plan et pouvoir l’expliquer
Avant de persuader des investisseurs d’une valorisation, il faut s’en persuader soi-même. Dès lors, le premier conseil consiste à maîtriser et comprendre son business plan d’entreprise. Il faut pouvoir l’expliquer, être capable d’en discuter et répondre aux questions.
Être prêt à partager le contrôle de son entreprise
Lors d’une valorisation, on cède forcément des parts d’actions et de décisions. On s’engage avec autrui pour plusieurs années. Êtes-vous réellement prêt à partager ce contrôle ? Et avec qui ? Au plus on lève, au plus on dilue. Dans cette optique, réévaluez bien le montant vraiment nécessaire pour l’augmentation de capital. Si vous le réduisez de moitié, vous réduisez d’autant les parts cédées.
La valeur n’est pas le prix
Il existe plusieurs techniques, qui se complètent l’une l’autre, pour faire une valorisation. Il convient d’en utiliser quelques-unes pour établir une fourchette de valorisation qui va servir de base de négociations en sachant que la valeur n’est pas le prix. Autrement dit, si vous avez plusieurs candidats acheteurs il est parfois possible d’obtenir un prix supérieur à la valeur des actions…mais si il n’y a qu’un acheteur l’inverse est également possible.
Le choix des méthodes va souvent dépendre du secteur dans lequel on est actif et de la maturité de l’entreprise. Pour une start-up, on valorise beaucoup sur son marché et les promesses de l’équipe sur le futur. Pour une entreprise ayant dix années d’existence, ces éléments vont aussi jouer, mais on va surtout analyser son track record.
Quelles méthodes choisir ?
Pour les start-up, il y a notamment la méthode de Berkus où l’on prend en compte cinq grands critères : l’idée, l’existence ou non d’un prototype, le management et son expérience, les relations stratégiques et enfin les réalisations. Pour chaque catégorie, un montant est assigné.
Une autre approche est celle des comparables où l’on compare des pommes avec des pommes. Elle permet de déterminer la valeur d’une entreprise en se basant sur des opérations de vente de sociétés officiant dans le même secteur et ayant des caractéristiques similaires. Avec l’important bémol qu’il faut comparer de nombreuses variables.
Il y a aussi la méthode du discounted cash flow qui est plus technique et mathématique. Elle s’applique à des entreprises plus matures. On va examiner les flux générés par cette entreprise et les actualiser à un taux d’intérêt qui représente le coût du capital.
Je conseille à chacun de s’informer, via Internet, sur les différentes méthodes de valorisation. Il y a des tutoriels qui sont très bien faits.
De l’importance des promesses
Ne négligez jamais tout le volet juridique ! N’oubliez pas que vous vendez des promesses de KPI, d’indicateurs de performances… Vous serez jugés sur ces promesses dans deux, trois ans. S’il s’avère alors qu’elles n’étaient pas réelles, vous avez des investisseurs mécontents qui deviendront de très mauvais ambassadeurs de votre entreprise. C’est ainsi que, dans le contrat, l’investisseur peut exiger d’inclure à la signature des clauses avec mécanismes de corrections si ces promesses de chiffre d’affaires ne sont pas atteintes. À l’inverse, certains investisseurs sont toujours d’accord d’ajouter un bonus si l’on dépasse ces fameuses promesses.
Si l’on vend complètement la société, c’est différent car on cède ce qu’on a réalisé avec son équipe. Et c’est aux nouveaux actionnaires de réaliser le plan. Et là, le sujet juridique clé, n’est pas d’être jugé sur le KPI futur, mais sur le fait qu’on n’a pas laissé des cadavres dans le placard. Ici aussi, il peut y avoir des clauses pour mettre une partie du montant d’achat en garantie pour se prémunir de certaines mésaventures.
Lever à une valeur inférieure et…
Il peut être pertinent d’accepter de lever à une valeur inférieure qu’escomptée mais d’inclure alors dans le contrat des mécanismes qui vous permettent de vous reluer dans le futur si les objectifs sont dépassés. Si cela s’avère, vous rendez les investisseurs heureux, vous y gagnez en réputation et empochez cette relution.
Payé en cash ou en actions
Cela peut sembler évident mais il est important de savoir comment vous serez payés au terme de la vente en entièreté ou en partie de votre entreprise. Être payé en cash ou avec des actions d’une autre enterprise, en tout ou en partie, n’est pas du tout la même chose. Si l’on vous paie avec des actions d’une autre entreprise, faites bien attention. Ne négligez pas l’exercice de valorisation de celles-ci.
N’y a-t-il pas une alternative à sa levée de fonds ?
On a certes besoin d’un financement, mais la levée de fonds doit-elle réellement se faire en cédant des actions ? N’a-t-on pas une capacité de remboursement pour faire un crédit bancaire ? Ne peut-on faire un crédit de type dette subordonnée ? Ne pourrait-on pas faire un leasing si la levée de fond concerne l’achat d’une machine ?
Parlez-en !
Le meilleur conseil, c’est de bien s’entourer avec des gens qui parlent vrai. Présentez préalablement à d’autres entrepreneurs, en qui vous avez confiance, votre business plan, vos hypothèses, vos prix pour éventuellement les corriger. C’est important car il faut être cohérent lorsqu’on va présenter ces tableaux.
Mettez en ordre vos papiers !
Il peut y avoir des accords non-écrits, comme le fait de reporter à l’année suivante telle rémunération, tel frais et différents autres éléments de gouvernance qui sont importants. Il est important de consigner ces accords tacites par écrit avant de procéder à une valorisation de votre entreprise.
Propos recueillis par Julien SEMNINCKX
Nos prochaines scale-up nights
Pour plus d’information concernant le programme d’accélération MeDoFly :
Eric Vanden Bemden
Conseiller en entreprises | Bedrijfsadviseur
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À propos de l’auteur
Pierre Hermant, CEO de finance&invest.brussels
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