Les employeurs des aides-ménagères, les entreprises de titres-services, tirent la sonnette d’alarme en prélude à l’action syndicale du 7 février. Bien que les syndicats ciblent directement les entreprises de titres-services, les employeurs rejoignent les aides-ménagères dans leur légitime demande d’un cadre correct et viable pour les titres-services. La fédération professionnelle Federgon lance un appel à la concertation envers les décideurs politiques et les syndicats afin de parvenir à un modèle durable et pérenne pour le secteur. En effet, les aides-ménagères s’investissent à 100% chaque jour, ont une valeur ajoutée sociétale importante et méritent donc un avenir durable. Cette perspective d’avenir fait cruellement défaut aujourd’hui en raison de problèmes structurels de financement et d’un cadre réglementaire sans cesse plus complexe. La situation est critique. Si rien n’est fait, le secteur sera au bord de l’implosion.
L’écosystème des titres-services est victime de son succès. Les travailleurs et les employeurs luttent pour la survie d’un secteur où les réformes structurelles sont nécessaires mais ne sont pas concrétisées. Federgon appelle la classe politique à prendre des mesures urgentes. Les entreprises du secteur des titres-services tendent la main aux responsables politiques et aux syndicats concernés pour retrouver le chemin de la concertation et parvenir ensemble à une solution durable. La poursuite d’un système de titres-services correct et respectueux est dans l’intérêt mutuel des employés et des employeurs et revêt une réelle importance sociale et économique. La pérennité du secteur devrait donc être la priorité de tous.
Le secteur des titres-services, un moteur (en panne) pour l’économie belge
Le système des titres-services est moteur pour l’économie belge à plus d’un titre. Le système a permis la création de 150.000 emplois pour les aides-ménagères et leur procure un statut social à part entière ainsi que la protection nécessaire sur le lieu de travail. Aujourd’hui, plus de 1,2 million de ménages belges ont recours à une aide-ménagère et utilisent les titres-services. Le système aide ensuite ces clients à trouver un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le taux d’emploi de ces ménages s’en trouve considérablement augmenté : le temps de retour au travail représente ainsi près de 14.000 emplois à temps plein supplémentaires pour notre économie, qui manque cruellement de main-d’œuvre.
« Le système des titres-services est une mesure très réussie qui dépasse largement les objectifs fixés. Nous avons tout intérêt à consolider ce succès et, si possible, à le renforcer encore. Nous considérons qu’il est du devoir de toutes les parties prenantes de s’engager à cet égard et de se retrousser les manches. C’est le message que nous voulons faire passer aujourd’hui », déclare Ann Cattelain, CEO de Federgon.
Le système des titres-services est menacé par des problèmes de financement et un cadre réglementaire complexe
En raison de problèmes de financement structurels qui s’accumulent depuis des années, le secteur des titres-services se retrouve aujourd’hui dos au mur. L’augmentation des coûts, due à l’indexation des salaires (en hausse de 14,7 % par rapport à la période pré-Covid), n’est pas suffisamment compensée par l’intervention perçue par les employeurs. Être un bon employeur est ainsi chaque jour plus difficile. En tant qu’employeurs, notre ambition est de pouvoir mieux payer nos aides-ménagères et d’investir davantage dans leur accompagnement et leur soutien. Mais la situation financière des entreprises de titres-services rend cela difficile. Il est faux de dire que le secteur génère encore de gros profits. Si l’on examine les comptes annuels des 25 plus grandes entreprises de titres-services, on constate qu’elles réalisent une marge bénéficiaire d’à peine un demi pour cent. Pour un chiffre d’affaires de 1,073 milliard d’euros, le bénéfice s’élève donc à 5,8 millions d’euros. Une analyse de Graydon Credit Safe a même montré fin 2023 que 37,29 % des entreprises étaient déficitaires.
A cela s’ajoute la complexité croissante du cadre réglementaire issu des différents niveaux de pouvoir. En effet, les titres-services se situent à cheval entre le fédéral et le régional, ce qui génère un flot de règles supplémentaires. Une meilleure coordination entre ces niveaux serait souhaitable. De plus, les règles entre les différentes régions divergent de plus en plus, ce qui rend la situation ingérable pour les entreprises de titres-services.
Un dialogue constructif est essentiel pour assurer l’avenir des aides-ménagères
À la veille de l’action syndicale des aides-ménagères du 7 février, les employeurs appellent à collaborer avec les syndicats afin d’obtenir une réforme structurelle et une meilleure compensation du système. Les employeurs souhaitent s’associer aux syndicats pour garantir l’avenir des titres-services. Les intérêts sont similaires, il est crucial de travailler ensemble pour un secteur durable et viable.
« En unissant nos forces, notre voix en faveur d’un changement structurel sera plus forte. Un cadre durable et tourné vers l’avenir pour le secteur des titres-services profiterait à tous. Cela concerne 150.000 aides-ménagères, plus de 1,2 million d’utilisateurs, 1429 entreprises agréées et nos autorités fédérales et régionales », selon Ann Cattelain, CEO de Federgon.
Convention collective de travail (CCT) : les points sur les « i »
La récente dénonciation de la CCT relative aux avantages sociaux, souvent critiquée mais mal interprétée, mérite quelques éclaircissements supplémentaires. Contrairement à ce qui a été affirmé à plusieurs reprises par les syndicats, les primes de fin d’année pour les aides-ménagères sont bel et bien garanties et continueront d’être payées à l’avenir. En effet, la CCT relative à la prime de fin d’année, inchangée, se trouve aujourd’hui sur la table des syndicats pour signature.
La dénonciation de la CCT ne concernait que la prime syndicale, qui est accordée dans tous les secteurs en cas de paix sociale. Le secteur des titres-services est pratiquement le seul secteur où cette prime syndicale est garantie par une CCT à durée indéterminée, alors qu’elle devrait normalement être négociée et octroyée tous les deux ans en fonction du climat social du secteur. Un projet de CCT relatif à la prime syndicale, conforme à ce qui se fait dans d’autres secteurs, est prêt à être discuté dès aujourd’hui. Il porte sur les modalités et les formalités de celle-ci, et ne remet nullement en cause la prime syndicale en tant que telle.