À l’heure actuelle, le télétravail est (toujours) 50 % plus populaire qu’avant l’émergence du coronavirus. Plus de quatre Belges sur dix sont toujours autorisés à télétravailler par leur employeur. Avant le confinement, c’était le cas pour à peine plus d’une personne sur quatre. C’est ce qu’il ressort d’une étude sur le télétravail du groupe de services RH Acerta, de la KU Leuven et de HR Square. En moyenne, les cadres et les employés reviennent au bureau deux jours, si leur fonction permet de télétravailler. Toutefois, les bureaux continuent à remplir un rôle important. Seulement 15 % des entreprises sont convaincues qu’elles n’auront plus besoin de bureaux à l’avenir.
La popularité du télétravail augmente de 50 % par rapport à la période précoronavirus
Pendant le confinement dû au coronavirus, le télétravail était la norme. Plus de la moitié de la population active belge avait la possibilité de travailler depuis son domicile aux mois de mars et avril. Il s’agit d’une augmentation exponentielle (+ 84 %) par rapport à la période précoronavirus. À l’heure actuelle, après le confinement, de nombreuses entreprises continuent à recourir au télétravail. Nous ne retournons donc pas (encore) massivement au bureau. 41,5 % des travailleurs peuvent (continuer à) travailler depuis leur domicile. De ce fait, la popularité du télétravail est toujours de moitié supérieure (51,4 %) à la période précoronavirus.
Laura Couchard, conseillère juridique chez Acerta, déclare : « Les résultats de l’enquête montrent également que les employeurs reconnaissent davantage, depuis l’émergence du coronavirus, que les travailleurs peuvent effectuer leurs tâches en télétravaillant. On note un changement de perception clairement en faveur du télétravail. De nombreuses entreprises ont également investi dans des technologies qui supportent le télétravail, ce qui explique que ce soit devenu une option pour encore plus de travailleurs. »
Pas de télétravail à temps plein
Peu d’entreprises sont passées au télétravail à 100 %, pas même pendant le confinement. Ce ne sera pas le cas et ce ne sera pas nécessaire non plus à l’avenir affirment les preneurs d’initiative, car nous avons entre-temps dû découvrir les inconvénients du télétravail. Le nombre moyen de jours où les travailleurs peuvent télétravailler dépend fortement de leur fonction et de leur statut. Pour la plupart des ouvriers (70,7 %), le télétravail est, selon l’entreprise, tout bonnement irréalisable. 61,5 % des employeurs permettraient à leur(s) employé(s) de travailler depuis chez eux au moins deux jours par semaine quand la fonction le permet. Les cadres et employés pourront télétravailler en moyenne 3,2 jours si la fonction le permet. Pour 10 % des cadres et employés, la fonction ne permet pas de télétravailler, du moins selon l’entreprise.
Laura Couchard poursuit : « Le télétravail constitue une possibilité, ce qui ne signifie pas automatiquement qu’il s’agit de la meilleure. Les employeurs estiment que le télétravail a une influence positive sur le travail autonome et orienté résultats ainsi que sur l’équilibre vie privée-vie professionnelle. Toutefois, ils pensent aussi que le télétravail a un impact négatif sur la cohésion sociale, la collaboration en équipe et le leadership. Il est important de veiller à un bon équilibre entre ce que souhaite le client (interne ou externe), ce que souhaite l’organisation et ce que souhaite l’individu. Puisqu’il s’agit de travail sur mesure, il sera très important d’établir des accords clairs ainsi qu’une politique de travail à domicile. Pour ce faire, il est conseillé de faire appel à un expert afin d’instaurer la solution adéquate au sein de l’organisation. »
Davantage de confiance envers et grâce au télétravail
Le confinement où le télétravail était obligatoire a dissipé les nombreuses inquiétudes et la méfiance à l’égard du télétravail. Une nouvelle forme de respect mutuel est née : les employeurs partent du principe que les travailleurs font leur travail, même s’ils ne sont pas sous la surveillance physique de leur responsable. Les travailleurs ont confiance dans le fait que leur charge de travail restera acceptable et que la distinction entre vie professionnelle et vie privée sera respectée. Ce dernier point est à double tranchant : une plus grande liberté dans l’organisation du travail et de la vie privée peut également mettre cet équilibre fragile sous pression.
Une distanciation physique exagérée peut faire disparaître le sentiment d’unité entre les collègues. 72 % des employeurs voient le télétravail comme un avantage lorsqu’il s’agit de travailler de manière autonome. 63 % estiment que le télétravail est un avantage pour l’équilibre vie privée-vie professionnelle. Lorsqu’il est question de l’impact du télétravail sur la cohésion sociale, 72 % des employeurs le considèrent comme un inconvénient. 68 % pensent que le télétravail constitue un désavantage pour la collaboration de l’équipe.
Passer à une culture d’output
Trois employeurs sur quatre sont d’avis que les horaires de travail constituent un moyen et pas un but, 65 % estiment que l’output est plus important que les heures prestées par les collaborateurs.
Marijke Verbruggen, coordinatrice Work and Organisation Studies à la KU Leuven, affirme : « Le télétravail fonctionne de manière optimale lorsque l’entreprise applique un contrôle de l’output : tant que le travail est fait ou que les clients sont satisfaits, vous faites confiance à vos travailleurs. De nombreuses entreprises semblent également adopter cette position à l’heure actuelle. Il faut juste trouver le bon équilibre. Dans le cadre du télétravail, les horaires ne sont pas totalement mis de côté et les employeurs préfèrent que leurs travailleurs n’assument pas d’obligations familiales. Cela peut s’expliquer par des raisons fonctionnelles (peut-être que le travailleur doit être joignable) ou par la protection des travailleurs (par exemple pour conserver l’équilibre vie privée-vie professionnelle). Toutefois, cela peut aussi signifier que les employeurs n’osent pas encore tout à fait accorder cette confiance. »
L’avenir est à un modèle hybride
Une première prise de contact, une formation, un évènement, un entretien de suivi, certains accords avec les clients… la plupart de ces activités continueront à se dérouler sur le lieu de travail dans de nombreuses entreprises. Les entreprises indiquent que les bureaux continueront donc à jouer un rôle important après le coronavirus. 53,3 % des employeurs déclarent avoir besoin d’autant ou plus d’espace de bureaux à l’avenir, 15 % sont en revanche convaincus de ne plus devoir occuper ce type d’espaces.
À propos des chiffres
Ces chiffres sont le résultat d’une enquête en ligne réalisée en collaboration avec Acerta, la KU Leuven et HR Square auprès de 576 employeurs. L’enquête s’est déroulée du 03-09-2020 au 23-09-2020.