Après de nombreuses années passées à travailler pour des fédérations en tant que spécialiste du climat et de l’environnement, notamment à la FEB et chez Febeliec, Isabelle Chaput était particulièrement légitime pour nous livrer son regard sur les manifs. D’autant qu’Elodie, sa fille de 17 ans, y était.
Avec son expérience dans le domaine climatique (elle a assisté à de nombreux sommets et évolué au plus près des négociations), Isabelle Chaput porte un avis autorisé : « Les chose changent beaucoup plus vite qu’avant. Il y a désormais une masse critique qui est plus au courant des choses. Les manifestations constituent un signe très clair de cette évolution ». Et de souligner qu’en 1990, absolument personne ne parlait des COP : « Cela n’a commencé à émerger qu’à partir des COP de Copenhague et de Paris. Or, en 2020, nous en seront déjà presque à la 26e COP… ». Aussi, quand sa fille Elodie a pris part à la deuxième manif pour le climat, Isabelle a applaudi des deux mains : « J’avais besoin de montrer que j’étais là et qu’il est temps que l’on mette des choses en place pour que l’environnement soit plus sain », résume sa fille Elodie.
Ce qui frappe avant tout Isabelle lorsqu’elle observe la société, c’est ce grand contraste qui apparaît entre la jeunesse et la classe politique : « Les jeunes s’intéressent beaucoup plus à la politique qu’avant. Face à eux, je relève que la plus grosse faiblesse des politiques, c’est leur manque d’expertise ». Pour inverser le cours des choses, en particulier sur la thématique climatique, et pour attirer ceux qui disposent de l’expertise nécessaire au sein des cabinets, « il est important d’avoir des personnages charismatiques » souligne-t-elle. « Mais où sont-ils ? »
Sur un plan organisationnel, Isabelle se réjouit du fait que ses trois enfants fréquentent le lycée Mater Dei à Woluwe-Saint-Pierre : « C’est à 1,5 km de la maison. Le trajet quotidien à vélo ne leur pose aucun problème ». La voiture ? Elle sort peu et, quand elle sort, elle est souvent pleine : « C’est une voiture familiale avec laquelle nous covoiturons beaucoup, notamment pour les activités sportives ». L’été, la famille enfourne le matériel de camping dans l’auto avant de partir en virée. Le choix d’habiter Bruxelles et d’ailleurs pour eux une source de joie : « Il nous suffit de traverser l’avenue de Tervueren pour aller nous promener dans les bois. Et pour aller travailler dans Bruxelles, les déplacements en transports en commun sont vraiment très faciles. C’est une vraie qualité de vie, une grande satisfaction pour moi de ne pas être coincée dans les embouteillages comme tous ces gens qui pensent avoir fait le bon choix en s’installant à la campagne », souligne-t-elle.
Bottom-up plutôt que top-down
Quelle approche développer ? Isabelle est plutôt disciple du bottom-up et des discours positifs : « Pendant des années, j’ai travaillé sur des approches top-down, mais je suis désormais d’avis qu’il faut réconcilier le local avec l’action engagée au niveau international. Autre observation : je ne conseille pas les approches catastrophistes comme celle de de Jean-Pascal van Ypersele ou de Roland Moreau (ndlr : ancien industriel puis directeur de Greenpeace, passé ensuite au SPF Environnement ; aujourd’hui retraité actif). Je suis persuadée de la force de mon business model qui consiste à faire des projets, à en montrer les bénéfices, à communiquer ». Un peu sur le modèle d’un Bebat, que sa fille Elodie s’empresse d’évoquer lorsqu’on lui demande de citer une entreprise qui lui semble incarner cette capacité à changer la société. En tout état de cause, à Mater Dei, le changement, c’est déjà maintenant : « À l’école, je remarque qu’il y a moins de déchets, que l’on trie plus et que l’on porte une plus grande attention à la problématique climatique ».