Dans la capitale de l’Europe, les secteur primaire et secondaire représentent grosso modo 10 % de la création de valeur ajoutée, la part du lion revenant aux services marchands (70 %). L’industrie constitue pourtant un maillon essentiel dans la chaîne de valeur de l’économie bruxelloise, les autres secteurs (services, ventes, soin de santé…) dépendant considérablement de son activité. Indispensable au métabolisme urbain, cette industrie s’avère un facteur essentiel de croissance et d’innovation.
L’industrie à Bruxelles, au-delà des sites emblématiques d’Audi à Forest et de la Sabca à Haren, c’est aussi Viangro qui alimente les supermarchés de la ville, Leonidas, Godiva, Vanparys, Delacre, de nombreuses brasseries, Plasma Industriy, RvB Robinetterie, Umicore, Fabricom, Elia, Sibelga, Danone, Roche, Veolia, Kone, Pfizer, Schneider, Schindler, Ceres, Aquiris, Recupel, Suez, Spie, Fluxys, Cegelec Industry, la Stib, Inter-Beton, Établissement Antoine, Solvay Industry, Rebeton… pour ne citer que quelques exemples.
De quoi ces industries ont-elles besoin ? Fondamentalement d’espace et de main-d’œuvre qualifiée. Commençons par l’espace. Avec ses 162 km² et ses innombrables institutions, Bruxelles ne dispose pas de grandes réserves foncières pour ses activités industrielles. Ces espaces, pour la plupart, se trouvent dans la zone du canal et sont de plus en plus confrontés à des demandes de mixité fonctionnelle. Or, certaines activités sont et resteront incompatibles en zones mixtes. Il faut donc réserver et préserver suffisamment d’espaces dédiés exclusivement aux activités productives.
Par ailleurs, la forte occupation des espaces et bâtiments mis à disposition par Citydev, qui totalise un patrimoine de près de 200 hectares de terrain et de 190.000 m² de bâtiments pour activités économiques, témoigne du dynamisme des activités productives en ville et du besoin criant d’espaces. Faute de suffisamment de possibilités d’activité et d’extension, des entreprises quittent la Région, comme l’actualité nous le rappelle trop régulièrement.
Là où des zones de mixité ont été créées (les fameuses ZEMU, les Zone d’Entreprises en Milieu Urbain), il faut permettre, pratiquement, la mise en œuvre de cette mixité. Pour ce faire, il est indispensable d’assouplir le cadre réglementaire (PRAS, RRU, normes environnementales) afin de permettre l’établissement effectif d’industries nouvelles en cohabitation harmonieuse avec la fonction résidentielle. À destination des développeurs immobiliers, un guide de bonnes pratiques devrait être proposé afin de les orienter sur la manière de répondre à l’exigence de construction d’espaces productifs dans les ZEMU.
Quant aux besoins de main-d’œuvre qualifiée, quantité d’entreprises productives à Bruxelles cherchent des profils qu’elles ne parviennent pas à trouver : travailleurs dans l’industrie alimentaire, travailleurs dans l’industrie chimique, techniciens en construction, conducteurs de travaux, mécaniciens industriels, chauffagistes, ingénieurs et ingénieurs-techniciens, pour se limiter à quelques exemples tirés d’une longue liste de fonctions critiques. Au plan de l’enseignement et de la formation, les jeunes doivent être mieux formés aux métiers de l’industrie et de la technologie sur du matériel répondant aux derniers standards du marché. Pour relever les défis de demain, Bruxelles a besoin de davantage d’espaces dédiés exclusivement aux activités productives et de mieux former les jeunes aux métiers de l’industrie et de la technologie.