Avec le vieillissement de la population et la croissance de l’hospitalisation à domicile, le développement de la santé digitale devient une nécessité à Bruxelles.
Un patient immobilisé sur un lit d’hôpital peut chuter sans que le personnel soignant ne soit au courant. « Or, pour un infirmier ou un médecin, il est indispensable savoir quand un patient chute, même s’il se relève de lui-même », observe Jérôme Laurent-Michel, l’un des fondateurs de la start-up bruxelloise MintT. Cet ancien infirmier a développé à Bruxelles, avec une petite équipe, une solution de détection de chutes (photo ci-contre). Via un capteur 3D installé dans le coin de la chambre du patient, il est ainsi possible de connaître les moments et la fréquence des chutes d’un patient. « Détecter le nombre de chutes permet de connaître l’état de fragilité d’un patient et donc de prodiguer les meilleurs soins », poursuit-il.
En commercialisation depuis janvier 2019, l’application MintT est notamment utilisée par l’hôpital Saint-Pierre à Bruxelles et le centre hospitalier de Wallonie picarde à Tournai (CHWapi). « Nous avons déjà une centaine de chambres connectées et nous développons le marché en Belgique et en France », s’enthousiasme Eric Krzeslo, CEO. Le service développé par MintT est une des concrétisations des nombreuses start-up actives dans ce qu’on appelle l’e-santé, autrement dit la « santé digitale ». Certaines se sont même déjà fait un nom à l’étranger, à l’instar de LindaCare, qui développe un système de surveillance cardiaque des patients à distance, ou encore MoveUp, application qui permet aux patients de suivre des exercices de réhabilitation à la maison. Un cluster, autrement dit un centre dédié à fédérer et développer les initiatives, a même été créé en 2013 dans le domaine de l’e-santé en Région bruxelloise. « Quand nous avons commencé voici six ans, nous comptions une dizaine d’entreprises actives dans l’e-santé. Il y en 55 aujourd’hui », note Azèle Mathieu, coordinatrice du cluster Lifetech.brussels.
« Bruxelles est assez ouverte aux start-up de l’e-santé »
La majorité des experts l’affirment : la santé digitale est vouée naturellement à la croissance, notamment car le volume de données à traiter ne peut plus être pris en charge par des humains. Même à l’échelle belge, quelques indicateurs permettent de dire que l’e-santé a un bel avenir devant elle. La société belge est en effet vieillissante et le fédéral, sous l’impulsion de Maggie De Block, pousse à l’hospitalisation à domicile pour désengorger les hôpitaux.
« Les soins à domicile sont en effet amenés à croître ces prochaines années », estime Azèle Mathieu. « D’abord pour une raison politique, mais également parce qu’on observe un développement des maladies chroniques et des malades de plus longue durée. Les gens n’ont pas toujours envie d’être hospitalisés, raison pour laquelle la technologie a un rôle à jouer pour faciliter l’hospitalisation à la maison. »
La Région bruxelloise est-elle toutefois pionnière en matière d’e-santé ? « On ne peut pas dire que Bruxelles soit précurseur mais elle se positionne relativement bien à l’échelle européenne », relève Azèle Mathieu. « Nous sommes sollicités par d’autres hubs européens pour participer à des échanges d’idées et notre écosystème est vivant et dynamique. Il y a une ouverture à des financements publics et nous attirons aussi des start-up étrangères. Bruxelles est par ailleurs au top au niveau de l’échange de données sécurisées. » Eric Krzeslo, CEO de MintT, estime quant à lui que la Belgique est une bonne terre d’accueil. « On pourrait penser que la Belgique, petite et régionalisée, n’est pas forcément le meilleur endroit pour développer une start-up dans l’e-santé. Or, quand on observe l’écosystème, pas mal de start-up se développent et connaissent un certain succès. De plus, ces start-up peuvent bénéficier de soutiens financiers publics. »