Vous pensez habiter à Bruxelles ou en Belgique, mais vous êtes en fait tous citoyens de Digitalis, un pays de 4 milliards d’habitants reliés entre eux grâce à internet. Bruxelles n’est qu’un maillon dans cette nouvelle communauté humaine.
De la même manière que chaque bruxellois est connecté avec 4 milliards d’autres terriens, chaque habitant est aussi connecté à sa ville et la ville se connecte aux citoyens grâce à la technologie digitale. La digitalisation permet – enfin – de faire face aux défis majeurs en matière de santé, de bien-être, d’éducation ou de mobilité que Bruxelles connaît comme bien d’autres villes.
Tout comme la technologie digitale change notre vie de tous les jours, elle transforme également les villes où nous vivons. On parle aujourd’hui de smart cities ou villes intelligentes. Il s’agit de villes où la technologie de l’information et l’internet des objets sont utilisés pour la gestion urbaine, tant au niveau de l’administration que des infrastructures comme les bibliothèques, les hôpitaux, les transports et les services d’utilité publique. L’objectif est de la rendre plus durable, inclusive et meilleure à vivre en l’organisant plus efficacement et en rapprochant les habitants de l’administration.
Cloud computing et big data
Deux évolutions technologiques permettent de réaliser le rêve d’une ville plus humaine et personnalisée, impensable il y a peu : le ‘cloud computing’, qui permet de traiter des quantités immenses de données (‘big data’) et les appareils connectés, tel que votre smartphone, qui devient votre ‘commande à distance’ de votre ville. Cependant, nos villes datent du Moyen Âge et ont connu leur boom pendant l’ère industrielle, il faut donc les repenser avec les possibilités de l’ère digitale.
Une ville intelligente possède une parfaite vision du nombre de places de stationnement occupées et envoie à ses résidents et aux navetteurs une notification sur leur smartphone, les avertissant de l’endroit où ils peuvent se garer. Les feux de signalisation sont commandés automatiquement pour optimiser le trafic, ou passent au vert à l’approche d’une ambulance ou des transports en commun. Une ville intelligente enregistre également quand la demande en eau ou en énergie se fait plus forte ou plus faible, en vue d’adapter la fourniture en conséquence. Cela permet de gérer la production décentralisée, les foyers et les entreprises ayant des panneaux solaires sur leur toit ou des éoliennes qui leur permettent de produire leur propre énergie.
À Toronto, Alphabet (la société mère de Google) développe en collaboration avec la ville un tout nouveau quartier totalement connecté, via sa filiale Sidewalk Labs. Une sorte de laboratoire de ville moderne avec pour but de prouver la faisabilité et la pertinence d’une ville high-tech, développée en étroite collaboration avec les habitants et avec des règles très strictes au niveau sécurité et respect de la vie privée. Il y aura des voitures autonomes, du wifi omniprésent, des solutions de soins à domicile et de santé préventive, une gestion optimale de l’énergie, de l’éclairage public, de l’eau, et des bâtiments passifs au niveau énergétique.
La mobilité en exemple
La numérisation offre également des opportunités uniques au niveau mobilité. En effet, le terme mobilité a en fait perdu tout son sens à Bruxelles, et la solution ne réside plus dans une multiplication ou un élargissement des voies rapides. Ce qu’il nous faut, c’est réinventer la mobilité avec la technologie dont nous disposons actuellement. Les voitures autonomes ne sont plus un gadget futuriste : Waymo, filiale d’Alphabet, en a déjà 600 qui parcourent les routes américaines et nul doute qu’elles se généraliseront chez nous d’ici cinq à dix ans. Il y a déjà une Lexus autonome qui circule dans le quartier européen depuis l’été, et ce n’est qu’un début.
Dans un premier temps, elles rendront surtout la conduite plus agréable tout en optimisant le flux du trafic. Mais les voitures autonomes vont rendre superflue la possession d’un véhicule personnel. C’est ainsi que s’ouvrira une ère où il ne sera plus nécessaire de s’acheter une voiture, mais où une simple appli permettra d’en avoir toujours une à disposition. Comme les voitures autonomes vous déposent où vous devez être et continuent leur route, plus besoin de parkings dans Bruxelles. Imaginez notre ville sans aucune voiture parquée ! Ainsi, les grands parkings pourront être transformés en cultures urbaines de légumes et assurer l’approvisionnement en circuit court.
La numérisation est déjà là
La numérisation nous offre dès à présent nombre de solutions : de nombreux déplacements peuvent être évités grâce à la vidéoconférence ou au cloud computing. Une connexion internet et un appareil mobile tels qu’un smartphone, une tablette ou un laptop suffisent pour organiser depuis chez soi une réunion avec des collègues se trouvant à Gand, Liège ou Shanghai. Nous pourrions, dès aujourd’hui, réduire le nombre de navetteurs de l’ordre de 10 à 20 % uniquement en généralisant le télétravail, à la maison ou dans des bureaux satellites.
Quand le déplacement s’impose, de nouvelles formes de transports partagés tels que Villo!, Scooty, Felix, Jump, Lime et autres font leur apparition. Même s’ils souffrent encore de maladies de jeunesse, ils participent activement à la réduction du nombre de voitures individuelles en mouvement dans Bruxelles.
Bruxelles a tout intérêt à prendre les devants sur le thème ‘smart city’. Pour régler des problèmes essentiels tels que la mobilité, la pollution ou l’inclusion. Mais aussi pour rester à la page et mériter sa vocation de capitale européenne. Pas uniquement parce que les institutions s’y trouvent, mais par son caractère innovant et à la pointe du progrès. Nous avons toujours été en tête lors des bouleversements économiques et sociaux précédents (de la révolution industrielle à l’invention d’internet). Il est temps de reprendre la main de la révolution digitale actuelle.
Si cet article vous a intéressé, vous pouvez en lire plus dans « Digitalis, Comment réinventer le monde », paru chez Racine en 2018.