De Bruxelles jusque dans le Hainaut, Snappies est une start-up bruxelloise qui s’impose dans le marché des langes lavables et circulaires. Nommée parmi 8 entreprises belges, son projet durable remporte la deuxième place des Circular Business Awards. Interview avec Maximilien Ernst, cofondateur.
« Snappies est l’exemple d’une start-up dynamique » a relevé Roland Moreau, membre du jury des Circular Business Awards, le 14 mars, lors de la cérémonie qui récompensait les meilleurs projets circulaires des entreprises belges. Parmi 44 dossiers, 8 ont été nommés, dont 2 entreprises bruxelloises. L’une d’entre elles est montée sur la deuxième marche du podium avec le Silver Award, derrière Juunoo, une société spécialisée dans la construction durable. Il s’agit de Snappies, une société qui propose des langes lavables et circulaires destinés aux crèches.
Lancé par Maximilien Ernst et Aymeric de Pret, Snappies livre les langes propres et récupère les couches sales, nettoie, sèche et les rapporte à nouveau aux crèches. « Nous offrons ce service tout en accompagnant aussi les crèches dans la bonne utilisation des langes réutilisables. Nous voulons garder la mainmise sur l’ensemble du processus », explique l’un des cofondateurs. À Bruxelles, l’entreprise livre les langes à vélo-cargo. Une initiative qui a plu au jury des Circular Business Awards.
Vous avez été sélectionné parmi 44 projets pour les Circular Business Awards, et vous avez remporté le Silver Award. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
C’est génial. J’étais positivement étonné. Je ne connaissais pas les autres entreprises participantes. Pendant la cérémonie, je discutais avec l’une d’entre elles, et quelqu’un me disait « on est une entreprise de 7.000 personnes. » J’étais très surpris parce que nous, nous ne sommes que cinq. Nous n’avons ni le même impact ni le même business model. Elles sont dans des dimensions qui sont mondiales alors que nous, on est sur Bruxelles et dans le Hainaut. Alors, j’étais très content que le jury ait pris en compte l’impact et le potentiel que peut avoir notre entreprise, et non sa taille. Cela va augmenter notre crédibilité, et puis forcément notre visibilité aussi. Très souvent, on nous demande si nous sommes vraiment « circulaires » ou écologiques. Ici, nous avons la preuve qu’un jury d’experts lié à l’environnement, à l’écologie et à la circularité des entreprises nous a dit « oui, vous êtes une entreprise circulaire. »
D’ailleurs, Roland Moreau, membre du jury, a dit que vous étiez l’exemple d’une start-up dynamique dans l’économie circulaire. Comment avez-vous accueilli cette réflexion ?
Avec beaucoup de fierté, parce que c’est de la reconnaissance. Cela fait quatre ans qu’on se bat, Aymeric – cofondateur – et moi, à nettoyer des langes sales, à convaincre des clients, parfois avec des chiffres d’affaires mensuels de 250, 300 euros par mois. Nous devons essayer de nous débrouiller et de vivre avec ça. C’est très compliqué. Donc avoir cette reconnaissance, c’est énormément de fierté. Au-delà de cela, j’espère aussi que nous pouvons en inspirer d’autres. S’il y a des entreprises qui prennent exemple sur ce que nous faisons et qui ont le même impact derrière, nous serions très contents.
Comment arrivez-vous à sensibiliser les crèches sur ces langes circulaires ?
Nous misons vraiment sur l’aspect écologique. Il y a des crèches qui sont sensibles et d’autres pas du tout. Nous essayons en tout cas du mieux que nous pouvons de sensibiliser et de vendre notre produit. Nous voyons aujourd’hui qu’il y a certaines crèches qui se décident à passer doucement à quelque chose de plus écologique. Par exemple, nous avions contacté celle de la commune de Rebecq, entre Tubize et Enghien, il y a environ deux ans, mais elle n’était pas intéressée. Ensuite, elle a rappelé, il y a trois ou quatre mois parce que la commune a décidé de se tourner vers une solution alternative. Donc, il y a certaines choses qui sont mises en place par les pouvoirs publics à différentes échelles.
Comment les crèches bruxelloises accueillent votre projet ?
En ce qui concerne les crèches communales, nous avons gagné l’appel d’offres de la Ville de Bruxelles, pour que les 40 crèches de la commune passent au lange réutilisable, d’ici la fin 2026. C’était un soulagement parce que c’était notre premier client, et le premier à nous avoir fait confiance. Donc, la Ville de Bruxelles a lancé notre projet éco-crèches. Nous sommes passés de 2 crèches à 9, et puis maintenant, nous allons passer à 40. C’est génial. Tandis qu’au niveau des crèches privées, en revanche, c’est encore mitigé. Il faut aussi que les directions des crèches soient d’accord de mettre un peu plus d’argent parce que nous coûtons plus cher que des langes jetables, malheureusement.
À cinq dans une entreprise comme la vôtre, comment réussit-on à lancer un projet comme cela ?
C’est de l’optimisation logistique. Nous faisons énormément confiance aux ouvriers avec lesquels on travaille, ce sont des pépites ! Mais c’est sûr que c’est beaucoup de boulot, il faut toujours rester flexible. Donc, avec de la flexibilité et de l’adaptation, en vrai, on s’en sort vraiment.
Pourquoi était-ce important pour vous de lancer un projet durable ?
Il n’était pas question de démarrer une entreprise qui n’avait pas un impact derrière. Petit à petit, nous impactons le marché sur lequel nous nous implantons, et c’est vraiment ce qui nous motive aujourd’hui. Nous voulons aussi vraiment viser une grosse part du marché en Belgique, et allons peut-être travailler avec les villes de Gand, Namur, et Liège. En fait, nous misons vraiment sur le fait que notre solution est équilibrée. Je pense aussi qu’il faut toujours rester attentif au greenwashing. J’espère que, grâce à la victoire de jeudi soir, nous pourrons démontrer qu’on ne fait pas de greenwashing et qu’il y a réellement un impact derrière.
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