[Coproduction] De nos jours, la notion de déchet se confond de plus en plus avec celle de ressource à réutiliser, dans un contexte de raréfaction des matières premières et de profusion de rejets polluants. Toutefois, si recycler pour récupérer les matériaux de base devient une pratique de plus en plus courante, récupérer en vue d’une réutilisation d’au moins une partie des composantes reste encore rare et difficile à mettre en place.
La récupération en vue du réemploi ou de l’upcycling (qui vise à recréer avec d’anciens éléments de nouveaux produits) bute sur de nombreuses difficultés qui touchent à des intérêts industriels contradictoires, à des difficultés techniques spécifiques, mais aussi et surtout à des vieilles habitudes de collecte et de gestion des déchets. Le système est conçu comme un entonnoir qui ne récupère, au bout du compte, que ce qui a échappé au broyage et aux nombreuses ponctions informelles des acteurs présents dans la chaine. Les pertes globales dans le domaine des déchets électriques et électroniques sont énormes, et chiffrées dans un rapport des Nations Unies à 60% (*) en Europe. Elles alimentent en outre des filières criminelles.
Où en est-on à Bruxelles ?
A Bruxelles, la collecte « préservante », qui sauvegarde les qualités d’un objet avant recyclage, n’est pas répandue et il n’existe que très peu de lieux qui pratiquent a priori une analyse et un tri des parties réutilisables. Les déchets d’une ville telle que Bruxelles s’exportent bien loin et ne profitent ni d’une action productive locale, ni aux personnes peu voire non qualifiées en recherche d’un travail. Développer un tissu local d’ateliers pouvant réutiliser et extraire avant recyclage les objets et matières utiles est essentiel si on veut garder un maximum de ressources sur notre territoire, optimiser leur usage et diminuer notre empreinte environnementale.
Or le moment est propice pour se lancer dans une telle aventure. D’un côté, la Région s’est lancée depuis bientôt cinq ans dans un ambitieux programme d’économie circulaire qui a suscité l’engouement des entreprises. De l’autre, il y a un intérêt croissant des Bruxellois à utiliser et préserver plus longtemps certains objets qui leur tiennent à cœur et à comprendre le devenir des objets dont ils se défont.
Projet CF2D
C’est dans ce contexte que CF2D a développé un projet visant à améliorer écologiquement la collecte et le traitement d’équipements informatiques et de petits électroménagers. Mené en partenariat avec l’APAM – une entreprise de travail adapté bruxelloise qui met à l’emploi des personnes en situation de handicap – et la Fédération bruxelloise d’Entreprises de Travail Adapté (FEBRAP), il vise le développement d’emplois locaux pour des travailleurs précarisés sur le marché de l’emploi.
Très concrètement, il propose aux entreprises et institutions la collecte de DEEE directement dans leurs locaux. Deux types de gisement sont visés par ces collectes :
- ceux générés par l’activité de l’entreprise/institution et
- ceux des employés (utilisés pour leur usage privé).
Via ce projet, les partenaires espèrent créer une filière locale de valorisation de ces appareils, en développant la réparation et la revente du matériel seconde main, en récupérant les pièces réutilisables et en démantelant en vue d’un recyclage optimal tout ce qui est inutilisable. Le caractère innovant de ce projet lui a permis d’être un des lauréats BeCircular 2018.
La réutilisation et le upcycling des objets ou matières complètent une hiérarchie d’actions positives à mener tant du côté des entreprises que des particuliers. La question n’est pas tant de se débarrasser rapidement de ce qui encombrent nos caves mais de le faire mieux, en promouvant les activités les plus vertueuses pour le développement local et le futur de notre planète.
Plus d’info ? https://www.onsadapte.be/actualites/news/312?
(*) WASTE CRIME- WASTE RISKS, GAPS IN MEETING THE GLOBAL WASTE CHALENGE (programme Nations-Unies pour l’environnement)
Pour en savoir plus sur le projet de CF2D : https://www.onsadapte.be/actualites/news/312