Les entreprises réfléchissent activement à la façon d’organiser le travail lorsque la crise du coronavirus sera finalement derrière nous. Quasi aucune n’envisage un retour à la situation d’avant la pandémie. Elles optent plutôt pour une formule hybride qui combine présence au bureau et télétravail.
Beci lance le projet WorkLAB en collaboration avec l’agence Spacious à la fin avril en vue de constituer un écosystème bruxellois composé d’acteurs privés et publics chargés d’optimiser les effets positifs du télétravail, tout en relevant les défis propres à ce nouveau mode de fonctionnement. WorkLAB veut proposer des solutions face aux nouvelles situations qui résultent de la crise sanitaire, et plus spécifiquement dans les domaines du travail, de l’immobilier et de la mobilité.
“Il s’agit en effet d’un thème sur lequel BECI travaille depuis un certain temps, à la fois avant la crise du COVID, mais ce thème est devenu très pertinent en raison du télétravail massif. Il reste à savoir dans quelle mesure le télétravail préservera son statut de norme après la crise sanitaire. Le Baromètre politique de BECI démontre que 28 % des entreprises interrogées y voient un des grands défis de leur gestion du personnel. 86 % des employeurs interrogés ne voient aucune objection à ce que le télétravail ou les heures de travail flexibles soient facilités à long terme.” explique Ischa Lambrechts, Coordinateur Innovation chez BECI.
L’enquête de l’ERMG de mars 2021 démontre que les entreprises interrogées ont indiqué que 32 % de leurs employés travaillaient exclusivement à domicile et 15 % partiellement à domicile. Selon les résultats de l’enquête, le recours au télétravail est resté relativement constant depuis que celui-ci est devenu obligatoire en novembre pour tous les emplois pour lesquels il est techniquement possible.
Les entreprises interrogées s’attendent à ce que le recours au travail à domicile augmente également après la crise du coronavirus : le nombre moyen de jours de travail à domicile par semaine triplerait presque, passant de 0,5 jour avant la crise à 1,4 jour après la crise. Le recours au travail à domicile attendu après la crise est nettement plus élevé pour les entreprises de la Région de Bruxelles-Capitale (2,1 jours par semaine) et pour certains secteurs d’activité, notamment l’information et la communication (2,4 jours par semaine), les banques et assurances (2,1 jours par semaine) et les services de support (2,0 jours par semaine). Il est également plus important pour les grandes entreprises et pour les sociétés qui louent des espaces de bureaux au lieu d’en être propriétaires.
Les entreprises utiliseront nettement moins de bureaux à l’avenir, surtout en Région de Bruxelles-Capitale
L’importance accrue du travail à domicile n’est pas sans conséquence sur les besoins en espace de bureaux. Dans l’enquête de mars, il a été demandé aux entreprises interrogées comment leur espace de bureaux par employé évoluerait au cours des cinq prochaines années par rapport à la situation d’avant la crise du coronavirus. En moyenne, on s’attend actuellement à une diminution de 9 %. La baisse est naturellement plus vive dans les secteurs dans lesquels le recours au télétravail serait plus important après la crise, notamment les banques et assurances (‑13 %), les services de support (-18 %) et l’information et la communication (-18 %). La diminution attendue est également plus forte dans la Région de Bruxelles-Capitale (-22 %, contre -6 % en Flandre et -4 % en Wallonie), ce qui pourrait ne pas être lié uniquement à la tendance à l’augmentation du travail à domicile.
Bureaux vides
Toutes ces habitudes (de travail) en pleine mutation auront irrémédiablement un impact sur de nombreux secteurs de notre économie. Le télétravail structurel implique de remettre de l’ordre dans les bâtiments de bureaux, dont la moitié est actuellement inoccupée. Les entreprises pourraient être tentées de déplacer leurs bureaux hors des grandes agglomérations urbaines. Un tel mouvement générerait immanquablement des répercussions négatives sur le commerce local, fortement dépendant des travailleurs qui se rendent uniquement à Bruxelles pour leur boulot. Les navetteurs sont nombreux à déjeuner dans les commerces et établissements du Quartier européen et autour de la Gare du Nord.
Les immeubles de bureaux sont plus vides que jamais à Bruxelles depuis l’émergence de la crise sanitaire, mais cette évolution a débuté avant la pandémie. Des grandes entreprises permettaient déjà à leurs employés de télétravailler un jour par semaine et en profitaient pour reconsidérer leurs besoins d’espaces. La crise sanitaire n’a fait qu’accélérer le processus. La proportion de bureaux inoccupés reste somme toute acceptable à Bruxelles. 10 % de vacance locative, c’est normal dans une ville telle que Bruxelles, mais des entreprises iront toujours s’établir dans des quartiers tels que celui de la Gare du Nord, à proximité immédiate des transports en commun.
Les entreprises semblent plutôt quitter les communes décentrées de l’agglomération bruxelloise. Les bâtiments de bureaux y sont reconvertis en logements. Il faut dire que les habitants génèrent un autre type d’économie dans un quartier que les navetteurs. Il y aura toujours des entreprises dans les quartiers du centre-ville, mais nous constatons que la crise du coronavirus les a incitées à transformer leurs espaces de bureaux. Les entreprises ont dès lors besoin de moins de surfaces.
Tout cela ne serait toutefois pas sans conséquences pour des pans entiers de notre économie. Si on facilite le télétravail structurel, il faudra trouver des solutions pour la réhabilitation des immeubles de bureaux.