Chaque année en Belgique, près de 11.000 entreprises font faillite, dont plus de 2.000 à Bruxelles. Pour ces entrepreneurs déchus, c’est un quadruple échec : personnel, professionnel, social et financier. Afin de les aider à se reconstruire et à rebondir, Beci a créé le programme reStart avec l’appui de la Région bruxelloise et d’Impulse Brussels. Un an après son lancement, l’heure est venue de faire un premier bilan.
La faillite, une problématique prégnante à Bruxelles
Lancé début 2017, reStart est destiné aux entrepreneurs qui ont fait faillite. L’objectif de cette initiative, unique en Belgique et orchestrée par Beci, est de stimuler l’entrepreneuriat de la seconde chance. « Dans notre culture entrepreneuriale, l’échec est encore quelque chose de tabou. Pourtant, les chiffres prouvent que les entreprises créées après une première faillite réussissent mieux et ont une durée de vie plus longue que la moyenne des starters. Ces entrepreneurs représentent un réservoir de talents pour la société », commence Eric Vanden Bemden, conseiller « rebond » chez Beci.
À Bruxelles, il se crée proportionnellement plus d’entreprises que partout ailleurs dans le pays. Mais le nombre de faillites y est aussi relativement le plus élevé (2.700 en 2017). La question y est particulièrement prégnante. Chaque entreprise qui fait faillite, ce sont aussi des emplois perdus. Aider les entrepreneurs à se remettre en selle est donc un enjeu économique et social très important.
Pour faire connaître le programme, 19 séances de présentation et d’information ont été organisées, attirant près de 200 personnes. Des pages facebook, LinkedIn, twitter ont été mises en ligne, des articles ont été publiés dans les newsletters de Beci, et reStart a aussi reçu de beaux échos dans la presse papier et radio.
ReStart, entre sensibilisation et action
Pour Eric Vanden Bemben, reStart, c’est tout d’abord de la sensibilisation. « Nous organisons des conférences ouvertes au grand public, des séances d’information, mais aussi des ateliers de résilience économique et des tables rondes d’échange avec des experts et des entrepreneurs pour partager leur vision du sujet et ainsi faire évoluer la perception de la société sur l’échec de l’entrepreneur », explique-t-il. « Échouer, c’est avoir l’occasion de recommencer de manière plus intelligente », disait Henri Ford.
Ainsi, au cours de l’année écoulée, quatre conférences grand public sur le rebond ont été organisées, réunissant plus de 400 personnes. 150 personnes appartenant à un public plus ciblé ont aussi participé à 3 ateliers tables rondes sur le rebond.
ReStart, c’est ensuite de l’action. Mais toujours centrée sur l’humain. L’objectif de reStart est d’aider les entrepreneurs à grandir et à rebondir vers un nouveau projet, salarial ou entrepreneurial, grâce à un accompagnement individuel et collectif mené par des coaches certifiés, mentors et experts-conseillers.
Enfin, reStart prévoit aussi une phase de suivi : entre six mois et un an après la fin du programme, les participants sont invités à une réunion afin de faire le point. « Cela permet de faire un suivi du plan d’action mis en œuvre pendant le programme, de voir où ils en sont et, le cas échéant, de les aider ou de les diriger vers des partenaires pour leur permettre d’avancer dans leur projet professionnel. Pour Beci, c’est aussi important d’avoir du feedback, de savoir comment ils s’en sortent et si notre programme a été efficace », explique Eric.
Beci a d’ailleurs déjà tiré des enseignements des premières promotions : « Nous avons décidé, par exemple, de travailler davantage de façon collective car le travail de groupe est clairement plus porteur de résultats que le travail individuel. » Un autre objectif est aussi de mettre en place un réseau « alumni », et que toutes les personnes ayant suivi le programme puissent se rencontrer une ou deux fois par an.
Des résultats encourageants
Un an après son lancement, reStart a déjà accompagné deux promotions de 15 reStarers et une troisième promotion est en cours. Parmi les activités d’accompagnement organisées, citons 25 ateliers collectifs techniques et de résilience, 25 ateliers collectifs de coaching, 26 formations sur des thèmes très divers tels que la connaissance de soi, le développement personnel, la gestion du stress, la graphologie, etc. En partenariat avec EMCC, 64 coachings individuels ont été organisés pour une durée totale de plus de 300 heures.
« En fin de programme, les participants sont ensuite réorientés vers nos organisations partenaires, coopératives et plateformes telles que Start Hub chez Beci, MicroStart, Credal, Jobyourself, Atrium, Actiris… », commente Eric Vanden Bemden. En termes de réinsertion professionnelle, 25 % des participants des deux premières promotions ont retrouvé un travail de salarié (précédant dans certains cas une re-création d’entreprise), 12,5 % se sont relancés comme indépendants et 18 % sont en phase de création d’entreprise (dont 30 % en phase finale de relance).
Et Eric de commenter : « Au terme de l’accompagnement de ces premiers groupes, nous retenons que les participants ont tous très bien rebondi au niveau humain. Ils ont une meilleure connaissance d’eux-mêmes, ont retrouvé une réelle confiance en eux et sont tous reboostés mentalement ! »
Et pour la suite ?
Le programme reStart va se poursuivre. Beci a pour objectif d’accompagner 80 entrepreneurs en rebond. En collaboration avec les curateurs bruxellois ainsi que quelques grands cabinets comptables et juridiques, reStart pourra être facilement proposé aux entrepreneurs en faillite. Les candidats au programme passeront ensuite devant un comité de sélection. « Le besoin est réel », assure Eric. D’après des chiffres français (l’association 60.000 rebonds), un entrepreneur en rebond mettra entre un et deux ans pour se remettre en selle, au lieu de sept habituellement admis. « Tout dépend de la capacité de la personne à se prendre en mains. » L’engagement du participant est très important. « Même si reStart lui offre des outils, c’est lui qui, au final, est responsable de son rebond. Il doit être le moteur de son projet », conclut Eric.
Paroles de reStartersComment les participants ont-ils vécu l’expérience reStart ? Qu’en ont-ils retiré pour la suite ? Se sentent-ils mieux armés pour se relancer sur le marché du travail ? Nous leur avons demandé leur avis. « Lorsque je me suis inscrit au programme reStart, je me sentais fatigué, perdu et démotivé. J’ai beaucoup apprécié la dynamique du groupe (analyse, feedback, regard, critique constructive…) qui m’a confirmé que la direction que j’avais choisi de suivre était la bonne. Aujourd’hui, j’ai davantage foi en mes projets et mes idées. » D.G. « Cela n’a pas été facile pour moi de m’inscrire au programme reStart. A l’époque, je vivais très mal ma faillite. J’avais honte d’avoir échoué et peur du regard des autres. Pour rien, en fait… Car le groupe qui m’a accueilli m’a tout de suite mis à l’aise. Nous étions tous là pour la même raison ! Cela m’a permis de relativiser ma situation. J’ai beaucoup apprécié les différentes formations que nous avons suivies, en particulier l’ennéagramme et la confiance en soi. Aujourd’hui, je recherche un investisseur et des collaborateurs pour me relancer. Et je compte bien appliquer le plus possible tout ce que j’ai appris. » R.N. « Quand j’ai commencé le programme reStart, je me sentais comme une cocotte-minute prête à exploser. Le fait de travailler en groupe m’a permis de me recentrer et m’a apporté beaucoup d’énergie et de motivation. Grâce à la régularité des rencontres, nous avons véritablement pu tisser des liens. De reStart, je retiendrai surtout que, peu importe le projet, l’important c’est d’y croire et de fédérer une équipe de confiance qui y croit aussi. » C.O. « Suite à ma faillite, j’étais complètement perdu. J’étais rempli de bonnes intentions, mais en même temps, je ne savais pas dans quelle direction aller. Grâce à reStart, j’ai pu prendre du recul et comprendre ce qui s’était passé, comment j’en étais arrivé là. Le groupe m’a permis de déculpabiliser et de relativiser ma situation. Au travers des différentes activités, j’ai appris à mieux me connaître. » P. J.
« Le groupe reStart avec lequel j’ai travaillé m’a donné le courage de ne pas abandonner et l’envie de rebondir. Merci pour votre écoute et votre empathie ! J’espère réussir mon projet d’entreprise et revenir chez Beci pour témoigner et stimuler d’autres reStarters. » D.O. |
« Échouer, c’est avoir l’occasion de recommencer de manière plus intelligente » Henri Ford