Dans un monde qui change, mais dont les processus de transformation échappent à beaucoup d’entre nous, quelle est la fonction des leaders ? Comment doivent-ils évoluer pour accompagner ces changements ? Comment en faire bénéficier leurs organisations ? Autant de questions auxquelles tenteront de répondre les experts en leadership transformationnel, le 7 février prochain au Plaza, à Bruxelles.
Hassania El Youssfi, l’initiatrice de ce premier Leadership Day bruxellois, est la fondatrice de Talentec Coaching. Spécialiste en ‘team & leadership coaching’, elle a réuni un panel impressionnant (lire par ailleurs), mené par Paul Martinelli, Président de la John Maxwell Team aux USA, et où figurent notamment Olivier Willocx (CEO de Beci, partenaire de l’événement), Laurent Ledoux (fondateur de Phusis) et Thomas Van Eeckhout (CEO d’EASI)
Pourquoi organiser une telle journée ? « Si on regarde bien autour de nous, on ne peut nier un peu partout les tensions sociales et économiques. Dans le monde du travail, on note le taux d’absentéisme, de démotivation, de burn-out, de non-implication, de routine. Il y a aussi une grande diversification, générationnelle ou genrée, le phénomène de la digitalisation, les changements de modèle, les changements organisationnels… Tant de choses se passent ! Le leadership adaptatif permet de répondre à ces changements rapides », estime-t-elle.
Le rôle de leader, de dirigeant, tant au niveau politique qu’en entreprise, doit donc évoluer : « Il n’y a pas de fatalité. Les organisations doivent se transformer, mais les leaders doivent se transformer en premier. Des preneurs de décisions, CEO, entrepreneurs, managers, des personnes influentes et surtout inspirantes, ont déjà franchi le cap du leadership transformationnel ou adaptatif. »
Combiner les facteurs d’incertitude avec une vision claire
Avoir une vision et pouvoir la communiquer, sont des enjeux fondamentaux, selon Olivier Willocx (Beci), qui évoquera ces questions le 7 février. « Les individus ont besoin de leaders. D’un point de vue politique, j’observe que beaucoup de pays sont menés par des personnes assumant un leadership fort, qu’on les aime ou non : Vladimir Poutine, Donald Trump, Boris Johnson… Les gens suivent ceux qui apparaissent comme déterminés, comme ayant une vision. Parfois simplifiée, parfois simpliste. Quand on est perdu, il y a aussi une volonté de chercher des personnes inspirantes à suivre. Comme Greta Thunberg, dans un autre registre. »
Dans le monde de l’entreprise, c’est la même chose : « À un moment, on a besoin de quelqu’un qui dégage une vision de l’organisation. Laquelle, à défaut d’être toujours juste, doit être exprimée clairement. La question, c’est comment raconter les enjeux et créer l’adhésion. Un leader, dans un monde qui change de plus en plus vite, est quelqu’un qui anticipera en permanence le futur. Et tentera de l’expliquer en fonction de la capacité des gens autour de lui à le comprendre. Le leadership, c’est combiner les facteurs d’incertitude avec une vision claire. Le leader peut douter de sa vision, mais il a intérêt à montrer de la certitude. Sinon il suscitera de l’inquiétude. Et sans le soutien de la communauté, du personnel, des actionnaires, le leader est mort ! »
Permettre à chacun de prendre des initiatives avec une marge d’autonomie
La responsabilisation des différents rouages au sein même de la société est un autre enjeu pour Laurent Ledoux, fondateur de Phusis, spécialisé dans la transformation d’entreprise.
« L’idée, c’est de remplacer le mécanisme de hiérarchie classique par une gouvernance participative. Un type de management qui distribue le leadership, sans avoir besoin d’un ‘leader maximus’. Et cela implique un changement de posture fondamental. Aujourd’hui, on reste dans l’idée, parfois exacerbée, du leader héroïque, qui serait plus grand, plus fort que les autres. » Il suffirait de suivre ses commandements pour que tout s’arrange. « Au niveau politique, Donald Trump en est la caricature la plus infantile et la plus débilitante. Ces leaders disent, en gros, ‘la société a des problèmes, mais ce n’est pas de votre faute, ils sont causés par d’autres. Reposez-vous sur moi, je suis celui qui va vous sauver de tout cela.’ Un discours qui peut en apparence calmer les esprits, car cela déculpabilise et déresponsabilise. Mais, à long terme, cela ne résout rien. »
L’analyse peut être étendue aux entreprises : « Il faut sortir du schéma où c’est le chef qui détermine tout et qui, au passage, prend des salaires et bonus exorbitants. Selon moi, toute organisation vivante, toute société, a besoin du leadership de tous ses membres. Même s’il s’exprimera de manière différente. Pour certains, ce sera au niveau de la stratégie, pour d’autres, celui des clients etc. »
Il faudrait voir se développer des formes de gestion et de prise de décision qui soient inclusives. « Il n’y a pas de leader absolu. Un vrai leader est celui qui, à un moment donné, exerce son leadership, et à d’autres rentre dans le rang pour permettre à chacun de prendre des initiatives avec une marge d’autonomie importante, dans un cadre où on peut aussi se développer en tant que personne. »
Action et influence positive
Un changement de paradigme dans lequel les entrepreneurs doivent être accompagnés, estime Hassania El Youssfi : « Il faut faire comprendre qu’être un leader, ce n’est pas seulement un titre, ni une position, mais un processus de croissance personnelle. » Qui passe, selon elle, par cinq étapes de développement qui seront évoquées le 7 février : développer une vision et la transmettre à son équipe ; développer les qualités de son équipe et l’associer à la vision pour entraîner son adhésion ; atteindre les résultats opérationnels escomptés ; investir dans les membres de son équipe pour en faire des leaders et assurer l’avenir ; enfin, atteindre la crédibilité et obtenir l’influence d’un vrai leader, reconnu par tous.
« Le vrai leadership, c’est avant tout l’action et l’influence positive. Cela permet aussi de développer une pensée systémique qui aide à résoudre les problèmes. Au travers de leur créativité, d’outils, guides, histoires inspirantes, les intervenants au Leadership Day tenteront de donner confiance aux entrepreneurs et preneurs de décisions, afin de les motiver à passer à l’action et modifier l’une ou l’autre chose. »
Des leaderships féminin et masculin différents
L’organisation table notamment sur une présence féminine conséquente. L’évolution du leadership féminin, et le regard porté sur lui, sont d’autres enjeux pour les années à venir, selon Olivier Willocx : « Les leaderships féminin et masculin apparaissent comme différents. À tort ou à raison, on n’attend pas les mêmes choses d’un homme ou d’une femme. Ainsi, l’humour en réunion passe souvent mieux de la part d’un homme. Pourquoi ? Un stéréotype à combattre, mais le côté sympathique n’apparaît pas sur les mêmes choses. »
C’est notamment une question d’affirmation de soi, de sentiment de légitimité. « Par exemple, quand nous organisons un événement chez Beci, nous invitons autant de dirigeants masculins que féminins. Régulièrement, les femmes déclinent, tandis que les hommes acceptent. À juste titre, certaines féministes nous critiquent car il n’y a que des hommes sur le podium… À un moment donné, il faut que la société évolue. Et que les femmes, qui peuvent estimer n’avoir rien de pertinent à dire, soient confrontées à des hommes qui, eux, ne doutent pas que leur propos soient pertinents pour les autres. Même si, en fait, ils ne le sont pas davantage… Peut-être qu’une combinaison des deux facteurs serait intelligente. »
Souvent, les femmes osent moins affirmer leurs envies et ambitions. « C’est mon constat. Quand des places à responsabilité se libèrent, j’entends souvent des femmes dire : ‘Si aucun homme ne se propose, je vais me porter candidate…’ Non, il n’y a pas de raison de laisser les hommes passer devant. Il y a une place qu’on a envie de prendre, ou pas. Et de l’assumer. »
Leadership Day 2020 Brussels : une journée pour découvrir le leadership transformationnel
Où ? Hôtel Le Plaza, Bruxelles
Quand ? Vendredi 7 février 2020, de 8h à 19h
Les intervenants :
- Paul Martinelli (President of the John Maxwell Team) : Successful Entrepreneurial Mindset
- Laurent Ledoux (Chairman Board of Phusis) : The Future of Companies – Adaptative Leadership
- Anne-Catherine Trinon (CEO ACT- ALTAVIA) : Building Collective Intelligence
- Olivier Willocx (CEO Beci – Chamber of Commerce Brussels – Capital Region)
- Hassania Franceschi-El Youssfi (organiser, Executive Director of the John Maxwell Team) : Everything can be improved
- Thomas Van Eeckhout (CEO EASI) : Happiness and Performance
- Michel Halet (CEO Partena Professional) : Collaborative Governance Model
- Rik Vera (keynote speaker) : The day after Tomorrow
- Donella Fields, RN : Transformational Leadership
- Jesse Segers, Prof. Dr., Co-director of the Expertise Centre on Leadership at Antwerp Management School
- Suyin Aerts, Moderator of the day
Info et inscriptions :www.leadershipday.be