Comment aménager le lieu de travail pour les neurodivergents

November 3, 2023 by
BECI Community

20 à 30% de la population, y compris au sein d’une entreprise, serait neurodivergente, c’est-à-dire qu’elle ne serait pas dans la norme statistique du point de vue de son fonctionnement neurocognitif. Ces neurodivergents ou neuro-atypiques, peuvent être ainsi porteurs d’un Trouble du Spectre Autistique (TSA), d’un trouble de la famille des Dys par exemple Dyslexiques, Dysorthographiques, Dyscalculiques, Dyspraxiques… ou d’un Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité motrice (TDA-H). Or, ces troubles sont liés, entre autres, à la façon dont le cerveau perçoit l’information et dont il la traite. Ainsi, une personne autiste (y compris Asperger) ou TDAH, percevra en général 10 fois plus d’information venant de l’extérieur ou y sera 10 fois plus sensible. Une personne hyperactive (TDA avec hyperactivité motrice) aura besoin de remuer sans cesse pour rester focalisée.

Alors, pourquoi ne pas prendre en compte ces particularités lorsque vous concevez ou restructurez votre espace de bureau ?

 

Une position assise prolongée nuit à la concentration…

Les études montrent que l’on se concentre mieux et que l’on apprend mieux en mouvement, ce qui sera d’autant plus vrai pour une personne hyperactive (TDAH) ou kinesthésique. Il vaut donc mieux privilégier des assises dynamiques, avec des fidgets ou des rouleaux pour les pieds qui ne font pas de bruit, avec un coussin à air ou ergonomique, ou encore avec un siège à piètement arrondi ou un ballon à pied, qui permettent de bouger. Envisager des tables modulables, inclinable, sur lesquelles on peut travailler debout.

Pour améliorer la concentration en réunion ou dans les espaces de discussion, on peut mettre à disposition des billes aimantées ou des pâtes à modeler, qu’il est agréable de tripoter. On peut également être attentif au confort thermique et sensoriel, c’est-à-dire prendre en compte le fait que les personnes neuro-atypiques ont un cerveau qui peut induire une hypersensibilité au niveau visuel, auditif, olfactif, tactile, gustatif, etc… Des couleurs criardes ou ternes, des matériaux à l’aspect froid, des textures désagréables au toucher, les distracteurs visuels, les mauvaises odeurs, un environnement bruyant, trop ouvert, trop rectiligne, avec des murs fermés, sans coin cosy, les mettront sur le qui-vive. Ainsi, on augmentera le bien-être et la productivité de tous en veillant à une bonne ventilation des locaux, en intégrant des plantes vertes qui réduisent le stress, assainissent l’air et captent des polluants, en choisissant des textures et des matériaux naturels pour les meubles et les cloisons (pierre, bois, verre, céramique, coton, cuir, laine, osier, textiles doux, métal chromé ou cuivré…), avec des couleurs douces et proches de celles qu’on trouve dans la nature, en créant des alcôves, des espaces privatifs, aux formes arrondies, isolés par des cloisons en bois, en verre, en cuir, ou de plantes vertes, en alternance avec des espaces de travail communs qui vont permettre aux personnes hypersensibles de se sentir dans une ambiance engageante, à la fois réconfortante et stimulante.

Un éclairage trop vif exacerbe les réactions pulsionnelles et émotionnelles, augmentant l’agressivité et le risque de prendre des décisions basées sur les émotions

Les personnes TSA et TDAH peuvent être hypersensibles à la lumière, à ses réverbérations et éblouissements, ne pas supporter par exemple la lumière tombante ou clignotante des néons, ce qui leur cause assez vite des maux de tête qui vont nuire à leur concentration, leur humeur et à la qualité de leur travail. En outre, de nombreuses recherches ont pu démontrer qu’un éclairage trop vif exacerbe les réactions pulsionnelles et émotionnelles, générant des réactions émotionnelles plus intenses en positif comme en négatif, augmentant l’agressivité et le risque de prendre des décisions basées sur les émotions et la pulsion sexuelle. Un éclairage réglable pour les lieux de lecture et de travail, tamisé dans les espaces d’interaction, avec des zones d’éclairage naturel, pour que la luminosité soit agréable et génératrice de bien-être et faciliter la concentration et des relations apaisées.

 

Parois d’insonorisation, cabines acoustiques, bulles de travail, lieux de repos et de détente…

Il est également judicieux de diversifier et séparer les zones sonores, afin de permettre à chacun, en fonction de son fonctionnement neurocognitif et des tâches à réaliser de trouver l’environnement de travail avec l’acoustique la plus adaptée à son besoin du moment. On peut ainsi mettre à disposition des cabines de travail insonorisées, mobiles, avec un bureau individuel, ou des banquettes avec une table de travail pour réunions à deux ou plus… Ou encore proposer des cocons de méditation ou de repos, afin d’éviter la surcharge sensorielle, des salles de repos et des zones où des vélos d’intérieur, sacs de frappe, ou autres éléments de détente peuvent permettent de se défouler ou de se ressourcer. De même, il faudra veiller à aménager la façon dont on circule dans les différents espaces de travail…

Turgan, Julien (1824-1887) - Les grandes usines de France Tome 1. [Livraisons 1 à 20] p.296 - vue 301/326

Les grandes usines de France : tableau de l’industrie française au XIXe siècle (t.1). [puis] Les grandes usines : études industrielles en France et à l’étranger (t.2 -15 ; 18-19). [et] Les grandes usines : revue périodique des arts industriels. Description des usines françaises et étrangères (t.16 ; 17) https://cnum.cnam.fr/pgi/fpage.php?4KY15.1/301/100/326/11/322

3 Minutes pour comprendre comment pensent les génies, de Charlotte Riedberger, Docteur en Psychologie et Sciences de l'Education, paru aux Editions Le Courrier du Livre.

 

Afin de mieux comprendre les spécificités des personnes neurodivergentes dans leur relation à leur lieu de travail, je vous invite à consulter la liste des points du Projet CAPE de la BBC à prendre en compte lorsqu’on souhaite aménager un lieu de travail respectueux de la neurodiversité

Bien-être au travail

Mieux vivre en open space

 

À propos de l’auteure

Charlotte Riedberger, Docteur en Psychologie et Sciences de l’Education

Charlotte Riedberger, Docteur en Psychologie et Sciences de l'Education

 

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